Au front dans les services hospitaliers ou en ville, les internes de médecine générale sont très sollicités dans la crise sanitaire. Le porte-parole de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG), Matthieu Thomazo, explique au « Quotidien » l'organisation exceptionnelle et les difficultés rencontrés par les jeunes sur le terrain. Mais bonne nouvelle, Olivier Véran vient d'annoncer ce vendredi la généralisation de la prime soignants à tous les internes…
LE QUOTIDIEN : Comment les internes de médecine générale vivent-ils cette crise ?
Matthieu Thomazo : La crise génère beaucoup de stress. Nous avons mis en place une hotline via les syndicats locaux pour les internes en détresse. Nous avons eu beaucoup d'appels, surtout au début de la crise, lorsque nous étions sur la pente ascendante et qu'on ne savait pas combien de temps cela allait durer. Il y a de l'angoisse liée à une pathologie nouvelle qui peut rapidement détériorer l'état de santé d'un patient. À cela s'ajoute l'incertitude sur l'avenir de nos stages. Pour toutes ces raisons, la crise est un facteur multiplicateur des risques psychosociaux.
À vos yeux, l'organisation et la logistique sont-elles à la hauteur ?
Sur l'organisation, nous avons été déçus des agences régionales de santé [ARS]. Elles devaient recenser et créer des tableaux d'internes disponibles mais certaines d'entre elles ne répondaient jamais laissant les syndicats réaffecter les internes directement dans les établissements.
Il a fallu surtout gérer la pénurie nationale de matériel de protection. Tous les internes en ambulatoire n'ont pas été dotés de masques or c'est aussi important qu'à l'hôpital. Certaines régions distribuent 8 masques par semaine par interne. En Normandie, l'ARS a distribué 16 masques par interne pour toute la durée du confinement. C'est intolérable !
Les généralistes libéraux ont enregistré une forte baisse d'activité. Les internes ont-ils continué leur stage chez le praticien ?
Il y a plusieurs cas de figure : certains internes n'étaient pas assez protégés et ont été invités à se porter volontaires pour renforcer des équipes hospitalières, notamment aux urgences, dans les services Covid et de gériatrie. Il n'y a pas eu d'internes de médecine générale en réanimation car cela sort de notre champ de compétences.
D'autres internes sont restés chez leur maître de stage [MSU ndlr] en ambulatoire car l'épidémie était moins conséquente dans leurs territoires. Même si le cabinet enregistre une baisse d'activité, le nombre de pathologies n'a pas diminué. Certains ont pris en charge le suivi de pathologies chroniques en présentiel mais aussi par téléconsultation vidéo ou par téléphone. Ceux qui sont en SASPAS [stage autonome en soins primaires ambulatoires supervisé, NDLR] ont pu le faire seul. Les internes en stage de niveau 1 exercent avec le maître de stage. Beaucoup, enfin, ont dû appeler les patients pour les faire revenir au cabinet quand cela était nécessaire, leur expliquer la nouvelle organisation des cabinets et les gestes barrières.
Initialement, les primes de 500 et 1 500 euros annoncées par le gouvernement étaient réservées aux seuls internes « hospitaliers » et non pas aux internes ambulatoires, ce qui a provoqué une levier de bouclier chez les jeunes. « Cela a choqué, tous les internes ont été mobilisés et doivent être logés à la même enseigne », plaide le porte parole de l'ISNAR-IMG. Finalement, les jeunes ont obtenu gain de cause ce vendredi. Olivier Véran, ministre de la Santé, a assuré dans un tweet que la prime serait distribuée à tous les internes, en chirurgie, en ville comme à l'hôpital. Il écrit qu'il « a toujours été et il reste évident que tous les internes percevront la prime soignants ».
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