« C’EST UN CHANGEMENT d’envergure qui est intervenu au 1er octobre dernier. La formation des infirmiers anesthésistes est désormais reconnue au grade Master 2. Il s’agit là d’une évolution importante car on accède ainsi à une formation universitaire », souligne Jean-Pierre Anthony.
Jusqu’à présent, la formation se déroulait sous la forme d’un diplôme d’État avec six modules validés à chaque fois par une épreuve théorique de connaissances, un devoir de synthèse, des mises en situation professionnelles sur le terrain et des validations de stage. « À l’issue des deux années, le diplôme d’Etat clôturait la formation avec une épreuve de synthèse, une épreuve de questions et une mise en situation professionnelle. Pour pouvoir se présenter à ces épreuves, l’étudiant devait aussi finaliser un travail d’intérêt professionnel avec la rédaction d’un mémoire », explique Jean-Pierre Anthony.
Désormais, la formation, toujours d’une durée de deux ans, passe à un mode universitaire en grade Master avec quatre semestres comportant des unités d’enseignement. « Au total, il y aura sept unités d’enseignement à valider. Autre changement notable, le nombre d’heures de cours passe de 700 à 900 et le nombre de semaines de stage de 70 à 58 », indique Jean-Pierre Anthony, en précisant qu’il n’y aura plus d’épreuve de diplôme d’Etat. « Lors de chaque semestre, les différentes unités d’enseignement validées par des épreuves donneront droit à des ECTS (European Credit Transfert System ou crédits européens de formation) qui, cumulés, donneront accès au grade Master (le grade Master équivaut à 120 ECTS). »
La modification de la formation des IADE en France intervient dans le cadre de la réforme européenne LMD (licence Master doctorat) qui s’applique à toutes les formations universitaires. « Cela s’inscrit aussi dans la continuité de la réforme des études d’infirmiers engagée depuis 2009 pour l’attribution d’un grade licence », souligne le président du CEEIADE, qui se félicite de cette évolution. « Il s’agit du premier Master dans le domaine de la santé, mais aussi au niveau européen d’après les échanges que j’ai pu avoir avec des collègues d’autres pays. L’objectif, à terme, est d’arriver à une mobilité professionnelle au sein de l’Europe, mais également à des échanges entre instituts de formation. Les formations des IADE, mais également les modalités d’exercice professionnel, sont encore aujourd’hui assez disparates en Europe. D’une manière générale, ce passage au grade Master est une très bonne chose. Cela nous donne d’abord accès à l’université. Cela va aussi permettre de renforcer la formation au niveau des sciences humaines et sociales, et surtout permettre un adossement à la recherche. Une unité d’enseignement sera consacrée à la recherche et un stage d’observation auprès d’une équipe de chercheurs sera obligatoire », indique Jean-Pierre Anthony.
Le président du CEEIADE s’interroge toutefois sur le fait que cette nouvelle formation comprendra davantage d’heures de formation théorique mais moins de stages. « C’est une évolution dont il nous faudra tenir compte car il s’agit d’une formation “professionnalisante” qui repose largement sur cette alternance entre stages et formation théorique. On verra à l’avenir s’il y a lieu de faire des ajustements. Régulièrement, des bilans d’étape seront faits par le comité de suivi de la réforme qui a été mis en place conjointement par les ministères de la Sante et de l’Enseignement et de la Recherche », explique Jean-Pierre Anthony.
Tenir compte de l’évolution démographique.
Aujourd’hui, on recense environ 8 700 infirmiers anesthésistes diplômés d’Etat en France. « Pour l’instant, la situation démographique est relativement satisfaisante, néanmoins le pic des départs en retraite chez les IADE devrait survenir en 2014. Alors qu’il faut deux années pour former un IADE nous observons, malgré cela, que nos écoles sont loin de faire le plein chaque année. Au total, nous avons un agrément de 710 places de formation par an sur l’ensemble du territoire. Mais nous avons un déficit de 26 % dans le taux de remplissage. En 2011, nous n’avons ainsi accueilli que 466 étudiants. Le problème vient d’une nette diminution du nombre de prises en charge financières par les établissements de santé, tenus par des contraintes budgétaires. Tous nos étudiants sont, en effet, des infirmiers diplômés qui doivent avoir au moins deux années d’exercice. Cette formation d’IADE s’inscrit dans le cadre d’une promotion professionnelle et ils doivent bénéficier, pour intégrer une école, d’un financement de leur établissement d’origine », souligne Jean-Pierre Anthony, qui lance un avertissement : « Si les établissements n’anticipent pas, on risque alors d’avoir quelques tensions sur le front de la démographie des IADE. »
D’après un entretien avec Jean-Pierre Anthony, président du comité d’entente des écoles d’infirmiers anesthésistes diplômés d’Etat (CEEIADE), directeur de l’école d’IADE de Strasbourg.
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