Étudiants refusés sans raison dans un cursus, modalités des épreuves de sélection inconnues, cours parfois non pertinents, inégalités dans la charge de travail, stress intense, manque de soutien pédagogique… La réforme du premier cycle passe à côté de ses objectifs, mettent en garde les principales associations d'étudiants en santé (ANEMF, l’ANEPF, ANESF, FNEK, UNECD) dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron en forme de SOS.
« Nous, étudiants en médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie et kinés, avons alerté depuis des mois sur une application inégale de la réforme dans l'ensemble du territoire, sans résultat (...) Finalement, Monsieur Macron, le système est toujours absurde, et il nous faut le regarder en face », préviennent-elles.
Pour étayer leurs affirmations, les cinq associations ont dressé un premier bilan de la mise en place de la réforme en vigueur depuis septembre 2020. Depuis cette année, les étudiants souhaitant rejoindre les filières de santé se sont inscrits en PASS (parcours spécifique accès santé) ou en LAS (licences avec option accès santé). Deux cursus toujours sélectifs mais censés diversifier les profils et en finir avec le gâchis humain de la PACES avec son concours couperet.
Communication déficiente
Sauf que pour les jeunes, rien ne se passe comme prévu. Les étudiants pointent la mauvaise communication entre les UFR santé et les autres facultés qui accueillent des étudiants en licences avec option accès santé. « Il n’existe aucune coordination entre les différentes voies d’entrée. Il semblerait que la réforme se soit imposée aux autres composantes, sans qu’elles en comprennent réellement le fonctionnement et les enjeux », observent-elles dans leur bilan d'étape. Conséquence ? Les carabins en LAS ont le sentiment d’être oubliés à la fois par l’UFR santé (qui se préoccupe en premier lieu des PASS) mais aussi par la fac à laquelle ils sont rattachés… Pour y remédier, les associations proposent la création de référents identifiables au sein de chaque licence, de supports de vulgarisation de la réforme et d'une foire aux questions sur le site du ministère de l'Enseignement supérieur.
Autre enseignement : de « nombreux étudiants » n'ont pas obtenu sur Parcoursup la formation de leur choix en PASS ou LAS, par manque de place. Et beaucoup se sont rabattus sur des choix par défaut, aux antipodes des objectifs de la réforme. Les fédérations aspirent à une meilleure gestion des flux et des capacités d'accueil. Ils citent l'exemple, dans une Université, d'une LAS langue étrangère swahili qui propose « autant de places » que la licence de chimie.
Des cours qui questionnent
La réforme passe aussi à côté des nouveaux enseignements promis. Et la charge de travail en PASS est semblable à l'ex-PACES. « Les Universités se sont contentées de reprendre le programme de la PACES à l’identique (ou au mieux diminué de quelques notions) », avec en prime le programme de la mineure, cinglent les fédérations.
Du côté des licences, les notions de santé sont souvent un simple condensé des cours de PASS, sans la diversification attendue. À ce stade, les enseignements n'évoquent pas la montée en puissance des maladies chroniques, les nouvelles technologies, la santé environnementale… Un rendez-vous manqué sur le front pédagogique, regrettent les jeunes.
Des oraux qui restent masqués
L'incertitude sur la sélection finale est également source d'anxiété. Les trois quarts des UFR n'ont pas choisi les modalités des oraux de fin d'année scolaire, principale nouveauté pour départager les étudiants admissibles en 2e année.
Ce climat d'incertitude autour de la réforme et le contexte sanitaire entraînent « un sentiment d'impuissance et de désespoir ». « Les contacts que nous avons avec les étudiants laissent transparaître une détresse psychologique chez une grande partie d’entre eux », déplorent les fédérations. Et dans ce contexte, « l’objectif de diminution des troubles psychosociaux par rapport à la PACES n’est pas atteint, bien au contraire », font-elles valoir. Les cinq associations viennent à cet égard de lancer la campagne #PronosticMentalEngagé pour alerter sur la souffrance psychologique.
Les fédérations estiment qu'il faudrait injecter 32 millions d'euros dès la prochaine rentrée pour recruter des ingénieurs pédagogiques (sur les nouvelles méthodes d'apprentissage), développer les enseignements par petits groupes, aider les licences à mieux gérer leurs flux et renforcer l'accompagnement des étudiants. Tout un programme !
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