Un jeune, une spécialité

Cécile Longchamps : et surtout la santé (publique) !

Publié le 12/03/2021
Article réservé aux abonnés

Entre un stage à l’OCDE et un autre au Bénin, l’internat de Cécile Longchamps ne ressemble pas à celui de la majorité des médecins en formation. Et pour cause : la jeune femme a choisi la santé publique… Une spécialité qu’elle défend pied à pied.

Crédit photo : Amors présidente des internes de santé publique d'Ile-de-France, la jeune femme a vu déferler le Covid sur l'Hexagone

« Un coup de foudre. » C’est par ces mots que Cécile Longchamps, interne parisienne de santé publique, décrit sa rencontre avec sa spécialité. L’histoire d’amour a démarré en novembre 2017 avec un premier stage en épidémiologie et recherche clinique à l’hôpital Bichat. Elle a connu maintes péripéties, notamment pendant la crise du coronavirus… Et elle se poursuit aujourd’hui avec un stage de sixième semestre à la division santé de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE).

Pourtant, l’idylle entre Cécile et la santé publique était loin d’être programmée. « Au départ, j’envisageais plutôt de m’orienter vers les maladies infectieuses », confie-t-elle. Une résolution qu’elle croyait pouvoir affermir quand, à la fin de la troisième année de ses études de médecine, elle a eu l’opportunité de partir pour deux mois à l’hôpital d’Antananarivo, à Madagascar, dans le service d’infectiologie. « C’est une expérience qui m’a marquée », se souvient-elle. Mais ce séjour sur la Grande Île a aussi été pour la future praticienne le début d’une prise de conscience.

« J’ai commencé à réaliser que la prise en charge clinique ne faisait pas tout en maladies infectieuses, et que les questions de prévention, notamment, étaient très importantes », explique l’interne. Un premier pas vers la santé publique ? Pas tout à fait, car le choix s’est fait encore plus tard, en début de sixième année. Il faut dire que lors de son externat, Cécile ne connaissait que très mal cette spécialité. « Les enseignements en premier et second cycle sont malheureusement assez pauvres en santé publique », regrette-t-elle, remarquant que sa discipline souffre d’un certain nombre de préjugés.

Halte aux préjugés

« Tout le monde pense par exemple qu’il faut être matheux pour faire de la santé publique, remarque-t-elle. Bien sûr que les statistiques sont un outil qu’il faut être capable d’interpréter, mais tous les médecins de santé publique ne sont pas des professionnels de l’analyse statistique. C’est d’ailleurs pour cela que nous travaillons dans des équipes pluridisciplinaires, avec au besoin des statisticiens. »

Quand on la lance sur le sujet des préjugés que nourrissent beaucoup de médecins à l’encontre de la santé publique, Cécile est d’ailleurs inarrêtable. Car non, il ne s’agit pas d’une spécialité où l’on ne voit pas de patients. « C’est faux, il y a certes des médecins qui s’orientent vers un exercice où l’on doit passer beaucoup de temps derrière un bureau, comme par exemple l’informatique médicale, mais d’autres ont au contraire un exercice beaucoup plus orienté vers le terrain », affirme-t-elle. Et surtout : non, la santé publique n’est pas une spécialité pour ceux qui veulent se mettre à l’abri du travail.

« C’est un internat très exigeant, nous devons en permanence être à jour de nos connaissances biomédicales, tout en nous formant à d’autres disciplines : épidémiologie, économie de la santé, promotion de la santé, etc. », argumente l’interne. Cette dernière est d’ailleurs bien placée pour savoir que la polyvalence des spécialistes de la santé publique en fait des médecins particulièrement recherchés… et tout spécialement mis à contribution, par exemple en cas de crise épidémique.

Une spé’ au front

Cécile était en effet présidente de l’association des internes de santé publique d’Île-de-France (SPI) quand le coronavirus a déferlé sur la France. « Il a fallu coordonner tous les renforts d’internes de santé publique, que ce soit à la cellule de crise du ministère de la Santé, à Santé publique France, à l’Agence régionale de santé ou en établissement de santé », se souvient la jeune interne. Elle-même est partie en renfort au ministère et à l’hôpital Lariboisière, et elle a enchaîné avec un stage à l’Inserm où elle a participé à une étude sur l’impact de la crise sur les publics précaires vivant en centre d’hébergement… qui devrait devenir son sujet de thèse d’exercice.

Reste à savoir ce qui se profile pour la suite. « Bonne question », sourit Cécile, qui dit vouloir creuser son sillon à l’étranger. La dimension internationale était en effet un axe que la jeune femme souhaitait développer en se tournant vers la santé publique. Mais hormis un stage à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) au Bénin, ses envies d’ailleurs se sont, crise oblige, pour l’instant limitées à l’OCDE. Gageons cependant que le vaste monde ne perd rien pour attendre : l’histoire d’amour de Cécile avec la santé publique ne fait que commencer.

Adrien Renaud

Source : Le Quotidien du médecin