À un mois de l’élection présidentielle, les internes de médecine générale placent l’accès aux soins comme l’une de leurs priorités. Une semaine après son congrès annuel à Tours, l’Isnar-IMG (Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale) détaille une cinquantaine de propositions à destination des candidats. Loin des prétendues « recettes miracles », les futurs généralistes prennent à contre-pied les solutions avancées par la plupart des candidats, oscillant entre coercition à installation et augmentation considérable du nombre de praticiens formés.
« La coercition, qui consiste à mettre fin à la liberté d’installation, est une mesure contre-productive qui, non seulement ne permettra pas de corriger la problématique mais qui risque de détourner les jeunes générations de l’exercice de la médecine générale », recadre à nouveau le syndicat d'internes. Alors que 72 % de la population réside en zone sous-dense (d'intervention « prioritaire » ou d'action « complémentaire »), selon un arrêté publié en octobre dernier, « seules les mesures de moyen à long terme permettront d’inverser cette tendance qui s’est lentement installée », justifie l’Isnar-IMG.
Secrétariat gratuit pendant cinq ans
Pour préserver la liberté d’installation et soutenir l'entrée dans la carrière, l’Isnar-IMG propose d'actionner plusieurs leviers incitatifs. D'abord en facilitant la découverte des territoires par les internes, avec la création systématique d’un accueil « sur mesure » des conseils départementaux, chaque début de semestre. Il convient aussi d'épauler matériellement les jeunes médecins dans leur installation : les futurs généralistes proposent de mettre à disposition un secrétariat public « offert pour les jeunes médecins s’installant en zone sous-dense ». Pris en charge par les collectivités locales, ce secrétariat gratuit serait offert pendant les cinq premières années d’installation du jeune praticien, imagine l'Isnar-IMG.
Lignes directes vers les hospitaliers
Par ailleurs, pour « répartir la charge des soins non programmés », les juniors – très séduits par l'interpro et l’exercice coordonné – proposent de réaliser la « couverture complète du territoire par les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) », d’ici à la fin du prochain quinquennat. Un pari alors que seules 233 CPTS sont arrivées au stade final de la signature de l'accord conventionnel interprofessionnel, selon la Fédération des CPTS. Certes, 712 communautés sont comptées sur le territoire national, mais à un stade d’avancement très variable. En 2018, Emmanuel Macron avait promis l'aboutissement de 1 000 CPTS pour la fin 2022.
Les jeunes veulent aller plus loin et proposent aux CPTS de travailler à la création « d’un protocole standardisé d’admission directe en milieu hospitalier, afin de faciliter les démarches sans passage aux urgences ». Dans la même veine, et pour fluidifier l’accès aux soins, l’Isnar-IMG entend généraliser les lignes téléphoniques directes entre les libéraux et leurs confrères hospitaliers. « Celles-ci permettent d’obtenir un avis spécialisé, par exemple pour les médecins généralistes, et de garantir une éventuelle admission directe d’un patient sans passage par les urgences », détaille le syndicat.
Demandes abusives de certificats
Afin de relâcher la pression sur les cabinets libéraux, les futurs généralistes appellent plus globalement à « démédicaliser » une partie du quotidien, c'est-à-dire à sortir de la démarche du tout-médecin. Cet objectif passe par la limitation « des demandes de certificats non obligatoires (requêtes abusives, absence scolaire, etc.) », illustre l’Isnar-IMG.
Comme leurs aînés du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR), le syndicat d’internes plaide pour uniformiser « la culture de la santé publique auprès de nos concitoyens », de la maternelle jusqu’au lycée. « Ceci permettrait, à terme, d’informer et de sensibiliser la population pour diminuer les recours aux soins "non justifiés" », parie l’Isnar-IMG.
Indicateur déclaratif
Chère à la jeune génération, la santé environnementale trouve une place de choix dans les « recos » des internes de médecine générale, qui souhaitent qu’elle « devienne un sujet central des politiques de santé publique ». Et pour valoriser les « comportements de santé durables lors de notre exercice », les futurs généralistes imaginent la mise en place d’une « Rosp santé environnementale ». Selon eux, cette rémunération sur objectifs de santé publique pourrait être évaluée « via un indicateur déclaratif », à la suite d’une intervention « brève » du généraliste. Le médecin de famille prodiguerait des conseils de prévention à son patient, liés à l’alimentation ou à la mobilité, par exemple.
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