À six semaines des épreuves nationales classantes 2022 (ECN), sésame vers l’internat, les carabins sont inquiets : devront-ils faire une année supplémentaire d’internat en médecine générale ? Prévue dans la réforme du 3e cycle de 2017, l’introduction de cette fameuse quatrième année est certes « maturée » depuis lors par les enseignants et les jeunes. Mais le candidat Macron a laissé planer le doute quant à l’allongement de l’internat et le calendrier de cette réforme.
En mars dernier, Emmanuel Macron avait en effet expliqué que la quatrième année de médecine gé. pourrait permettre « un renfort » dans les zones rurales, sans que l'obligation soit envisagée pour autant. Il imaginait alors « une politique d'incitation passant par une meilleure rémunération et un meilleur accompagnement, en termes de logement par exemple ». De quoi susciter la perplexité des syndicats juniors quant au sort réservé aux milliers d’internes qui débuteront, en novembre prochain, leur internat de médecine générale.
Stress en plus
Si rien n’est officiel, la rumeur court depuis quelques semaines. Certaines facs, au travers de leur département de médecine générale, feraient planer le doute auprès des externes quant à la mise en place d’une 4e année dès la rentrée prochaine, pour la toute nouvelle promo d’internes.
Face aux risques de mise en place précipitée, le conseil d’administration de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG), réuni fin avril, a décidé de clarifier sa position. Il a voté une motion pour « s’opposer à une mise en place de la 4e année du diplôme d’études spécialisée (DES) de médecine générale à la rentrée 2022 ». Le syndicat considère que, faute de cadre réglementaire, « les conditions pour une réelle année de formation ne sont pas réunies ».
L'inquiétude est d'autant plus vive que ce chamboulement de maquette, à quelques mois de la rentrée, ne ferait que « rajouter du stress aux D4 qui révisent actuellement les ECN ! », cingle l’Isnar.
[4e année]
— ISNAR-IMG (@ISNARIMG) April 29, 2022
❌L’@ISNARIMG se mobilise CONTRE l’introduction d’une 4e année au DES de Médecine Générale dès la promotion #ECNi2022.
Les conditions pour une réelle année de formation ne sont pas réunies.
??Il ne faut pas ajouter du stress aux D4 qui révisent actuellement les ECNi ! pic.twitter.com/EGSOVHQcmP
Pas de low cost
Depuis 2019, le syndicat des futurs généralistes alerte sur les conditions de mise en place de cette 4e année. Pas fondamentalement « en défaveur » de ce projet, ils souhaitent avant tout que cette année supplémentaire soit réellement professionnalisante. Et surtout pas une année low cost, bouche-trou, où l’interne serait laissé en totale autonomie, avec une rémunération précaire. « Nous demandons depuis 2019 la mise en place d’un statut de "docteur junior ambulatoire" : rémunération à l’acte, création d’un statut de médecin collaborateur, pas plus de 30 consultations par jour », rappelait Morgan Caillault, alors président de l’Isnar, en juin dernier, devant le congrès du Collège national des généralistes enseignants (CNGE).
Erreur
Les doutes de l’Isnar-IMG sont partagés par l’Association des jeunes médecins généralistes (AJMG), branche généraliste de l’Isni, fraîchement créée. « La proposition actuelle d'allongement de DES selon les modalités que nous connaissons nous paraît être une erreur », analyse l’AJMG sur les réseaux sociaux.
Pour l’association, cette 4e année – surtout si elle doit avoir lieu dans les déserts médicaux – ne fera que créer « une injustice pour les internes, ne tenant pas compte de l'évolution des profils à venir, et une dégradation de la prise en charge des patients renforçant un accès à une médecine à deux vitesses ».
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