Dans dix jours, la loi de santé sera débattue en première lecture à l’Assemblée nationale. Parmi les nombreux amendements qui seront déposés sur ce texte, on devrait retrouver, à n’en pas douter, de nouvelles propositions de régulation, voire de coercition à l’installation des médecins.
Début février, la ministre de la Santé a assuré aux internes de médecine générale, lors de leur Congrès, son intention de défendre encore et toujours la liberté d’installation mais les médecins de demain sont malgré tout inquiets. L’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) a donc décidé d’être proactive. Dans un document publié ce mercredi, le syndicat décline une série de propositions pour l’accès aux soins.
Plus de stages, plus tôt
Contrairement aux idées reçues, l’Isnar-IMG rappelle que la plupart des internes de médecine générale se disent prêts à s’installer en milieu rural et semi-rural. Mais encore faut-il leur faire découvrir ces territoires. Pour l’intersyndicale, une des solutions est donc de les faire connaître encore davantage aux internes à travers les stages ambulatoires. Pour cela, l’Isnar-IMG demande donc un recrutement « éclectique » des maîtres de stage sur tout le territoire – ils sont aujourd'hui 9 500 en France – et le développement des stages en cabinet dès le deuxième cycle en leur donnant accès à l’indemnité forfaitaire d’hébergement, instaurée cet été pour les internes. En plus de cette aide, la création d’hébergements territoriaux des étudiants en santé (HTES), sorte d’internats ruraux, doit être encouragée selon l’organisation afin d’attirer les étudiants y compris sur des terrains de stages plus isolés. Les collectivités locales doivent également participer à l’organisation d’un temps d’accueil des internes pour leur présenter le territoire et leurs différents interlocuteurs.
Accompagner l'installation
Pour passer le cap de l’installation, la clé passe également, selon les internes, par davantage d’accompagnement. Les futurs médecins de famille souhaitent, en premier lieu, être davantage formés, pendant leur cursus, à la gestion du cabinet, la comptabilité ou la fiscalité avec des enseignements théoriques plus importants qu'aujourd'hui.
Il importe, aux yeux du syndicat, de promouvoir davantage les portails d’accompagnement des professionnels de santé (PAPS), sites web gérés par les ARS utiles pour aider les jeunes médecins à répondre aux questions qu’ils se posent mais qui demeurent aujourd'hui relativement méconnus. Associés dans les territoires, à un guichet unique avec un interlocuteur défini, ces portails pourraient permettre aux généralistes d'aborder plus sereinement leur installation. L’accompagnement doit aussi être renforcé auprès des étudiants signataires d’une bourse CESP pendant leurs études. Les bénéficiaires sont trop souvent livrés à eux-mêmes, comme le révélait récemment l’enquête de l’intersyndicale. Enfin l'Isnar-IMG préfère mettre l’accent sur les mesures incitatives, à l’image des contrats PTMG (praticien territorial de médecine générale), qui garantissent un revenu minimum pendant les deux premières années d'activité, mais aussi avec des aides financières pour l’équipement du cabinet ou l’investissement immobilier.
CPTS, assistants et secteur unique
Les futurs médecins ont également une idée précise de leur exercice futur et globalement leur vision est plutôt proche de celle que le gouvernement veut impulser dans la prochaine loi de santé. Contrairement à leurs aînés beaucoup plus frileux sur ces sujets, les jeunes sont favorables à la mise en place des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et aux structures de soins coordonnés en général, au partage et à la délégation des tâches ou la création de postes d’assistants médicaux. Ils souhaitent également le renforcement des liens ville-hôpital ou de l’organisation des soins avec les hôpitaux de proximité. Par ailleurs à l’image du syndicat des jeunes généralistes et remplaçants, ReAGJIR, la semaine dernière, l’Isnar-IMG est favorable à la suppression du secteur 2 à condition de revaloriser la valeur des actes, et à la généralisation du tiers payant s’il est géré par l’Assurance maladie avec un flux unique.
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