Qui dit nouveau semestre dit nouveau terrain de stage. Afin de parfaire ma formation et d’acquérir des compétences utiles à la pratique libérale, mon choix s’est porté sur un service de soins palliatifs.
C’est la première fois, depuis le début de mes études médicales, que j’assiste à tant d’humanité de la part des soignant·e·s. Optimisation de la prise en charge de la douleur, bienveillance (ou plutôt bientraitance, un terme que je préfère car moins paternaliste à mon sens), respect des croyances de chacun·e, importance du confort des patient·e·s, accès à des activités thérapeutiques… la liste de tout ce qui changeait par rapport à d’habitude était longue ! C’est à ce moment-là que j’ai réalisé à quel point les soins que nous pouvions prodiguer étaient déshumanisés à force d’être réalisés à la chaîne, pressés que nous sommes par le temps et par une politique de rentabilité qui transforme les patient·e·s en chiffres.
Ce service, c’était l’occasion de se poser, de réfléchir de façon collégiale tous les jours avec l’équipe médicale et paramédicale, de traiter chaque patient·e comme une personne – avec son passé, ses sentiments et ses représentations. J’ai eu la sensation d’un cocon de douceur et de bien-être, où l’humain était enfin au centre.
Cette pratique médicale, qui contrastait fortement avec celle dont j’avais l’habitude depuis des années en milieu hospitalier, est apparue comme une vraie bouffée d’oxygène. Enfin, nous avions le temps de faire de la « bonne » médecine, de prendre en charge nos patient·e·s de façon globale – aussi bien sur le plan médical que psychologique ou social. J’ai vraiment eu le sentiment de fournir un travail de qualité et, pour la première fois depuis longtemps, j’ai été fière de ce que je faisais.
Les soins palliatifs, dans l’imaginaire commun (et dans le mien au début de ce stage, je l’avoue), sont un lieu où l’on vient pour mourir. C’est faux, d’abord car le processus peut être long (une maladie incurable peut évoluer sur plusieurs années). Ensuite parce qu’il existe aussi des pathologies dont on sait que l’évolution sera fatale à long terme mais pour lesquelles il existe des traitements afin d’en enrayer le développement. On y trouve donc des patient·e·s avec des profils très variés : des personnes très jeunes, et d’autres plus âgées.
Je ne dis pas que c’était plus simple, car c’est un domaine médical qui est, à mon sens, très délicat à gérer émotionnellement. Il y a des patient·e·s qui souffrent, que l’on n’arrive pas à soulager, qui se dégradent inéluctablement malgré tous nos efforts, celleux qui mettent les équipes en échec systématiquement, celleux qui sont « trop jeunes » pour mourir, et les décès inattendus (oui, même dans un service de soins palliatifs, ça peut arriver). Il y a beaucoup d’affect, beaucoup d’éléments qui font écho à notre propre histoire de vie, des résonances, chose que j’ai trouvée difficile à gérer.
En tant que soignant·e, il faut être « solide » car fréquenter la mort et la souffrance d’aussi près n’est pas chose aisée pour tout le monde. J’ai eu l’impression de découvrir une autre facette de la médecine et une autre façon de la pratiquer.
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