LE GÉNÉRALISTE Ce 17e congrès a pour fil rouge l’innovation. Quelles évolutions modifient la façon d’exercer ou d’enseigner la médecine générale ?
Pr Vincent Renard L’innovation en médecine générale, c’est d’abord celle de la formation avec l’arrivée d’un nouveau DES. La réforme du 3e cycle change la donne avec une part plus importante de la formation en médecine ambulatoire. Les futurs généralistes sont également confrontés aux changements de la profession. L’innovation en médecine générale, cela concerne aussi les nouveaux modes d’exercice regroupés et pluriprofessionnels, le défi des patients atteints de pathologies chroniques multimorbides ou encore l’irruption et l’utilisation des nouvelles technologies.
Y a-t-il suffisamment de terrains et de maîtres de stage pour être en capacité d’automatiser le stage ambulatoire en première année comme le prévoit la réforme ?
Pr V. R. La réforme et la maquette prévoient la possibilité d’une phase transitoire de trois ans. Basculer dès maintenant le stage de niveau 1 en première année doublerait de manière brutale le nombre de terrains de stages, afin de former à la fois les première et deuxième années. Néanmoins, cette évolution était préparée. Il y a eu un effort très prononcé de recrutement et de formation des MSU (9 135 en 2017, NDLR). Il y a déjà des UFR où la majorité des internes pourra effectuer le stage en première année. Globalement, l’exigence réglementaire de faire ce nouveau stage en trois ans sera largement respectée partout en France et même probablement en deux, grâce à la mobilisation de tous.
Vous êtes toujours favorable à un internat de médecine générale en quatre ans. À quelle échéance ?
Pr V. R. Il manque encore une quatrième année au DES. Il s’agit selon nous d’une nécessité en termes de formation qui doit permettre de lever les craintes d’un certain nombre d’acteurs, notamment des internes. Le CNGE promeut un troisième cycle professionnalisant, axé sur les apprentissages et la construction des compétences professionnelles. Nous allons raisonnablement former une première cohorte avec un DES à trois ans, à l’issue desquels le problème sera posé.
Les évolutions pédagogiques du D.E.S vont-elles permettre de mieux former les internes en médecine générale ?
Pr V. R. Nous avons beaucoup plaidé pour cela. La médecine générale et son département universitaire sont très en avance sur le plan pédagogique et ont été promoteurs de certaines évolutions. Nous nous situons dans une logique de certification des compétences. Cette logique de certification doit s’appuyer sur une qualité de formation, certaines options et des outils pédagogiques. Le portfolio, par exemple, est un mode de formation tout à fait reconnu dans le cadre de la validation des compétences. Le département universitaire de médecine générale a été, avant cette réforme, un grand promoteur de l’importance des travaux d’écriture clinique. La réforme du 3e cycle valide cette option et il s'agit évidemment pour nous d'une avancée pédagogique importante.
Un récent arrêté précise les conditions d'attribution du label universitaire pour les centres et maisons de santé. Qu'en attendez-vous ?
Pr V. R. Nous nous félicitons de la parution de cet arrêté que nous attendions depuis des mois. Cela va déjà permettre de reconnaître l’existence d’un certain nombre de lieux d’exercice authentiquement universitaires hors les murs du CHU. C’est pour nous un levier important, pour fédérer autour de ces maisons et centres de santé universitaires des acteurs de terrain qui se reconnaissent dans la formation initiale et la recherche mais aussi pour donner un dynamisme dans les territoires. Aujourd’hui la recherche est très hospitalocentrée, donc nous comptons beaucoup sur ce label pour arriver à structurer l’enseignement, la recherche et la formation sur ces futurs lieux d’exercice.
Le CNGE a pris position sur l’extension de l'obligation vaccinale chez les enfants de moins de deux ans. Quel est votre regard sur le débat actuel ?
Pr V. R. Les antivaccins sont assez marginaux mais ils font beaucoup de bruit. Malheureusement, l’extension de l'obligation vaccinale leur a donné une tribune assez incroyable et unique. Un certain nombre de ces mouvements sont d’origine sectaire. Ils s’appuient sur des opinions, des fantasmes, des détournements de données scientifiques non valides. De ce point de vue, le débat scientifique est donc complètement tranché.
Concernant la préoccupation de l’ensemble des scientifiques, qui est d’améliorer la couverture vaccinale, il y a en revanche un vrai débat sur la méthode. À ce niveau, le CNGE, sur les données scientifiques et sur des opinions, a pris position contre le principe de l’obligation vaccinale. L'obligation ne s’appuie sur aucune donnée probante qui validerait cette décision, et elle risque d’entraîner un certain nombre d’effets indésirables qui ne me paraissent pas aller dans le sens d’une meilleure couverture vaccinale. Pour nous, l’équation « obligation égale amélioration de la couverture vaccinale » est simpliste. La position qui préside à l’obligation vaccinale a surtout été promue par des gens qui n’ont jamais vacciné de leur vie et pourtant elle nécessite une vraie réflexion de fond car elle risque de mettre le professionnel en grande difficulté.
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