« J’étais à Bordeaux en tant que médecin de la douleur. L’activité libérale était devenue trop compliquée. Le temps de réfléchir à l’avenir, j’ai pris part à l’aventure », explique la Dr Maya Marzan, 35 ans, médecin généraliste salariée à Arcachon depuis le mois de juillet 2024. La mairie d’Arcachon a mis en place un dispositif autour d’un poste de médecin salarié pour effectuer uniquement des visites à domicile le soir et le week-end. Le poste dépend d’une structure juridique de centre de santé mais sans cabinet physique. Cela permet aux habitants de bénéficier en semaine de 20 heures à 8 heures, le week-end et les jours fériés d’un médecin en appelant un numéro vert.
Ce dispositif innovant, 100 % municipal, comme l’explique Angélique Icher la responsable administrative d’Arcachon Santé, a pour objectif d’agir en support aux seize médecins généralistes installés dans la commune. La ville d’Arcachon, avec ses 20 centenaires, figure avec Menton parmi les villes où habitent le plus de personnes âgées. Cette commune compte officiellement 12 000 habitants, mais ce chiffre monte régulièrement à 25 000, en raison des 60 % de résidences secondaires. C’est la raison pour laquelle un dispositif d’aide à domicile était devenu plus que nécessaire, et le maire a décidé de se saisir du problème. Cinq médecins se relaient donc une semaine par mois pour assurer les visites à domicile.
La Dr Maya Marzan ne regrette pas son choix. « La possibilité de prendre mon temps m’a attirée. Je ne devais plus compter les secondes et les minutes avec les patients. Cela m’a permis de revenir à une médecine plus humaniste. » Ce mode d’activité, dont elle connaît les rouages, est d’autant plus confortable dans cette commune que tout lui est fourni : trousse du médecin, pharmacie ambulante, véhicule et logement de fonction… Le médecin peut vivre sereinement.
Une absence de tâches administratives
Parmi les avantages, l’absence de tâches administratives, tant décriées par la plupart de ses confrères et consœurs, est un facteur déterminant. Elle rappelle en effet que lors des passages au commissariat pour les gardes à vue ou les décès, ses confrères et elle-même n’ont pas à s’acquitter de toutes les démarches souvent fastidieuses. Il en va de même pour la gestion des patients avec l’Assurance-maladie. La mairie a également mis en place un système pour la télétransmission des feuilles de soins. Selon ce protocole, le médecin, équipé d’un boîtier, visite son patient. Le boîtier lit la carte professionnelle du médecin et la carte Vitale du patient, à cela s’ajoute la fonction de borne de paiement qui génère de facto la feuille de soins. Deux fois par semaine, le praticien apporte dans les locaux administratifs municipaux le boîtier. Grâce aux logiciels, la mairie peut télétransmettre et effectuer tout un travail de pointage.
« Avoir la gestion du cabinet en moins, être épaulée pour les stocks, disposer d'une voiture de fonction… Ce sont des avantages non négligeables », renchérit la Dr Marzan qui ajoute qu’en revanche il faut aimer la gériatrie, mais que les patients le rendent bien au médecin.
« De par leur classe sociale et leur génération, ces seniors témoignent d’un sincère respect du médecin et une véritable reconnaissance du travail effectué, qui rend la mission du médecin plus facile et plus agréable. » La jeune praticienne reconnaît également que la taille de la commune, à « échelle humaine », favorise l’entraide entre praticiens.
Il existe toutefois un bémol à ce bilan positif : le médecin « de nuit et de week-end » doit trouver une activité complémentaire, et c’est une tâche plus ardue. Sans oublier que le travail de nuit à long terme n’est pas évident. Toutefois la rémunération s’appuie sur la grille hospitalière échelon 10, soit 1 800 euros nets hors impôts. Ce qui permet à l’omnipraticienne de vivre grâce à cette unique activité pour le moment. À ce stade, la commune s’en sort avec des périodes fastes et moins fastes. Mais, assurément, le système a prouvé son efficience, et, depuis 6 mois, la mairie a noté une hausse d’activité.
Angélique Icher établit un constat positif : « Sur les deux premiers exercices, la structure tournait autour de 1 400 actes annuels, maintenant ce sont 2 500 actes dispensés. L’intérêt est donc réel. Et le directeur de l’hôpital comme le responsable des urgences, avec lesquels je suis en rapport, même s’ils n’ont pas pu chiffrer les répercussions de cette mesure, en ressentent le bienfait sur le fonctionnement du service des urgences. Le soir et le week-end, elles reçoivent très peu d’Arcachonnais pour de la “bobologie”. »
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