Cette semaine, comme tous les 31 mars depuis 2009, on célébrait la Journée internationale de la visibilité transgenre. Et s’il y a bien un endroit où celle-ci a encore du chemin à faire ce sont les études de médecine. Au cours de la formation des futurs professionnels de santé, la prise en charge et le suivi médical des personnes transgenres sont très peu évoqués. Un constat qu’a pu faire Clara Delannoy, interne en médecine générale à Lille, au cours de ses études. « Les thèmes LGBTQI + sont trop peu abordés lors de notre formation qui est très hétérocentrée. La seule fois où les orientations sont évoquées, c’est sous le prisme des IST ou du VIH. Les personnes trans quant à elles, ne sont tout simplement pas citées », regrette-t-elle.
C’est pour cela que rapidement, la future généraliste a souhaité orienter sa thèse sur un thème LGBTQI +. Pendant son externat, une de ses connaissances entame un parcours de transition. « J’ai pu suivre son cheminement, et surtout les difficultés qu’iel a rencontré avec le monde médical », explique l’interne de 26 ans. « Une fois une endocrinologue lui a dit - ah vous êtes trans ? Moi je ne fais pas ça -, raconte-t-elle. « J’ai trouvé ça intolérable. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de ce que le personnel médical peut faire subir aux personnes trans ».
Petit à petit l’idée a donc fait son chemin d’une thèse sur la transidentité. Même si, étant elle-même cisgenre, elle ne se sentait pas forcément légitime sur le sujet. « Je ne voulais pas donner l’impression de m’approprier ce sujet, et de faire des personnes trans un objet d’étude. Mon objectif était avant tout d’être utile, de proposer quelque chose qui puisse aider réellement au quotidien les personnes trans ».
Une boîte à outils numérique
Au cours de son stage en cabinet de médecine générale, Clara a aussi constaté que sur le terrain, beaucoup de praticiens utilisaient dans leur pratique quotidienne des sites comme : Antibioclic, Obésiclic, Gestaclic etc. L’idée a donc germé de créer Transidenticlic pour le suivi et la prise en charge des patients trans. « Cela correspondait parfaitement à mon envie de créer quelque chose de concret et d’utile, car en me renseignant je me suis aperçue que beaucoup de médecins ne prenaient pas en charge les personnes trans car ils n’avaient pas les connaissances et/ou n’étaient pas formés. »
Clara Delannoy a commencé par réaliser une synthèse des sources existantes sur la prise en charge et le suivi des personnes trans, les travaux disponibles étant surtout issus de la littérature internationale. Elle a aussi travaillé avec plusieurs associations, « car prendre en compte les avis des personnes concernées me semble d’une importance capitale ». L’association Chrysalide, basée à Lyon, participe donc à la relecture du site. « J’ai également pu échanger avec Wikitrans, ainsi qu’avec le Réseau Santé Trans de Rennes lors d’une formation », souligne-t-elle.
Prise en charge bienveillante et orientation
Le site Transidenticlic fonctionne donc avec un système d’onglets reprenant les grandes lignes d’un suivi médical : accueil, première consultation, suivi, hormonothérapie, chirurgie. Il propose aussi un rappel du cadre législatif et des ressources pour orienter, si besoin le patient. « Le but est que le site soit facilement accessible et puisse être consulté rapidement en consultation si le médecin cherche une information précise », explique Clara Delannoy.
Rappel des bonnes pratiques et principes de bientraitance, sujets à aborder, bilan biologique à réaliser, informations sur l’hormonothérapie et la chirurgie, autres suivis auxquels penser, liste d’associations ou de praticiens… « Ce site est à destination des médecins généralistes, qui ne connaissent pas ou très peu le sujet de la transidentité, afin de pouvoir correctement prendre en charge leurs patients trans de manière respectueuse et bientraitante », précise la future généraliste. « Par exemple, s’il reçoit une personne trans en demande d’hormonothérapie. Grâce au site, en quelques clics, le ou la médecin a accès au bilan initial à réaliser ainsi qu’au traitement de première intention préconisé. » Le praticien peut également, si besoin, adresser le patient vers un spécialiste transfriendly et l’association la plus proche.
Lancé récemment, pour l’évolution du site, l’interne réfléchit à l’intégration d’un calendrier des formations dispensées par les associations, à destination des professionnels de santé ou à l’ajout d’une veille informationnelle.
Et plus généralement, elle espère aussi que la prise en charge et le suivi médical des personnes trans, à l’avenir fassent partie des formations « intégrées au socle de connaissances dispensées lors de la formation initiale, de manière transfriendly et respectueuse, en concertation avec les personnes concernées ».
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