Pour sécuriser la pratique du tiers payant intégral et contenir le risque de rejets de paiement sur la part complémentaire, la société Doctolib annonce ce mardi 17 décembre le lancement d’une nouvelle solution « de garantie de paiement » des complémentaires santé. En phase de test à partir de cette semaine auprès d’une centaine de soignants, la solution devrait d’être déployée à l’ensemble des professionnels utilisateurs de la plateforme d’ici à février 2025.
Ce dispositif devrait permettre aux professionnels de « vérifier en temps réel les droits de leurs patients », de « connaître le montant couvert, communiqué directement par la complémentaire santé au moment de la facturation », d’« être assurés de la prise en charge pour chaque facture » et de « sécuriser leurs revenus ». Toujours selon Doctolib, « lorsqu’un patient souhaite régler sa consultation avec sa mutuelle, le paiement est rejeté dans près de 6 % des cas »
Recouvrement chronophage
En se positionnant sur la gestion simplifiée de la facturation en tiers payant, Doctolib entend répondre à une requête récurrente des médecins, régulièrement confrontés à des rejets de paiement et à des procédures de recouvrement dues à des impayés, sources de tracasserie administrative et de perte de temps. « Initier une procédure de recouvrement est très chronophage, à tel point que les soignants sont nombreux à abandonner ces factures et donc à perdre de l’argent. Les rejets sont si fréquents qu’ils constituent un frein majeur à la mise en place du tiers payant », avance la licorne française.
Les modalités de mise en place du tiers payant ont fait l’objet d’une décennie de controverse politique et d’un long bras de fer avec la profession. La création d’un « flux unique » de paiement associant Assurance-Maladie et les 600 complémentaires santé – dont 350 mutuelles – était l’un des chevaux de bataille de Marisol Touraine, inoxydable ministre de la Santé de François Hollande (2012-2017), qui avait assumé la réforme du tiers payant généralisé, très impopulaire chez les médecins libéraux.
Mais en 2017, dans nos colonnes, la nouvelle ministre de la Santé Agnès Buzyn avait corrigé le tir en fixant l’objectif d’un « tiers payant généralisable », non obligatoire, insistant justement sur la faisabilité technique de cette réforme en lien avec les complémentaires. « Je comprends que les professionnels de santé ne sont pas foncièrement hostiles au tiers payant mais considèrent qu’il est techniquement compliqué à mettre en œuvre. Or, je veux un système gagnant/gagnant », avait-elle plaidé.
De leur côté, les syndicats médicaux – CSMF (avec le paiement monétique) et SML (avec le paiement à débit différé) – ont fait de ce dossier une affaire personnelle et un puissant argument de lobbying.
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