Pari tenu pour le dispositif occitan « Ma Santé Ma Région » qui fête cet été sa deuxième année d’existence. À ce jour, quatre-vingts personnels évoluent dans les 17 nouveaux centres de santé répartis sur l’ensemble du territoire et gérés par le Groupement d’intérêt public (GIP) régional.
Dans le détail, 61 médecins généralistes et cinq sages-femmes, assistés par des secrétaires médicales qui s’occupent de toute la partie administrative inhérente au fonctionnement d’un cabinet, ont réalisé, en deux ans, plus de 165 000 consultations. « Nous sommes ainsi parvenus à freiner la désertification médicale. Les premiers endroits où on a mis les centres, c’étaient des territoires qui étaient déjà, soit en situation de désert, soit qui souffraient de grosse pénurie de médecins », se réjouit le Dr Vincent Bounes, vice-président en charge de la Santé de la région Occitanie, l’une des chevilles ouvrières de l’opération.
La raison de ce premier succès ? « Nous avons voulu construire un projet de santé et non un projet politique pour répondre aux difficultés d’accès aux soins », analyse le Dr Bounes, par ailleurs directeur du Samu 31. Font ainsi partie du GIP des représentants de facs de médecine, des associations d’internes et d’élus ordinaux régionaux. L’Union régionale des professions de santé (URPS) libérales, bien qu’extérieure au groupement, a également été associée au processus. Avec la volonté affichée de ne pas s’opposer au secteur libéral mais au contraire d’essayer de travailler ensemble. Mais il faut aussi admettre que l’offre mise sur la table à destination des médecins est, à elle seule, sérieusement attractive.
5 000 euros nets en temps plein d’entrée de jeu, sans les gardes
Les médecins qui exercent à temps plein dans les 17 centres de santé déjà existants ont un statut de salarié. Leur niveau de rémunération, inspiré de la grille des praticiens hospitaliers (PH) démarre à l’échelon 4. À temps plein, en début de carrière, ils perçoivent ainsi environ 5 000 euros net, sans les gardes, confirme le patron du Samu de Haute-Garonne.
Côté obligations contractuelles, ces généralistes doivent participer à la permanence des soins (seuls les médecins à la retraite en sont exemptés), selon la même fréquence que leurs homologues libéraux du secteur où ils exercent. Les visites à domicile font aussi partie du contrat d’embauche et représentent environ 10 % de l’activité. Tous reversent au GIP le montant des actes qu’ils effectuent et couvrent ainsi environ les deux tiers du budget. Une plage horaire de soins non programmés est aussi prévue dans toutes les structures. À l’arrivée, le coût annuel pour la région « tourne autour de deux millions d’euros par an », révèle le vice-président de la région qui estime à trois années le temps nécessaire pour qu’un centre soit à l’équilibre.
Moyenne d’âge des effectifs, la cinquantaine
Quant à la moyenne d’âge de la soixantaine de praticiens qui ont intégré ces centres, elle est « d’environ une cinquantaine d’années ». Les deux plus gros effectifs sont constitués par de jeunes médecins, pour qui il s’agit d’une toute première installation ou d’un choix réfléchi fait après quelques années préalables de remplacement. L’autre grosse moitié du contingent est représentée par des retraités vacataires, qui interviennent à raison d’un ou deux jours par semaine et qui « ne se sentaient pas d’arrêter ». « C’est une manière pour eux de passer progressivement leur patientèle au centre de santé, qui est médecin traitant des patients suivis », poursuit le Dr Bounes.
Qui n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Le dispositif « Ma Santé, Ma Région » vise le salariat de 200 médecins, infirmiers et sages-femmes d’ici à 2026 et l’ouverture de nouveaux centres sur l’ensemble de la région. Pour les futurs intéressés, l’intégration se déroule en trois phases. Une journée de découverte et de rencontres entre le candidat, les professionnels du centre, ainsi qu’avec la communauté de soignants et des élus du territoire. Si tout s’est bien déroulé, la phase deux est constituée par un mois d’exercice à l’essai. Ce n’est qu’alors que la phase trois de la signature d’un CDD ou d’un CDI vient conclure ces histoires humaines, basée sur « une rencontre entre un professionnel de santé et un territoire », insiste le Dr Bounes.
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