Timing impeccable. La CSMF ne pouvait rêver mieux. Ses vœux à la presse étaient déjà programmés pour ce mercredi 17 janvier depuis plusieurs jours, mais ils se sont tenus pile au lendemain de la conférence de presse du chef de l’État. Qui, sans lui faire la part belle, a abordé frontalement les questions de santé, de médecine libérale et hospitalière et d’accès aux soins des Français.
Occasion inespérée pour le syndicat polycatégoriel de médecins de commenter les propos d’Emmanuel Macron et, surtout, de placer ses pions. Après être toutefois revenu, tradition oblige, sur les moments forts de l’an passé qui ont marqué la profession. « 2023 n’a pas été un grand cru pour la médecine libérale », a déploré le président de la Conf’, le Dr Franck Devulder, chaque chef de file des branches généralistes et spécialistes, les Drs Luc Duquesnel et Bruno Perrouty, à ses côtés sur l’estrade.
2024, année du virage ambulatoire ?
Une fois pointé du doigt la valse des ministres au portefeuille de la Santé, des lois Rist et Valletoux « déconnectées de la réalité des médecins libéraux », le Dr Devulder a évoqué sa plus grande frustration. L’échec, l’an passé, des négociations conventionnelles. Essentiellement « dû à un manque de moyens pour la médecine libérale ». Ce début d’année sera-t-il enfin l’occasion de corriger le tir ? Le patron de la CSMF veut le croire. Mais certainement pas si le président de la République continue à prêcher pour le développement de la rémunération à la capitation des médecins. « Cela résonne pour nous comme de la médecine à l’anglaise et le résultat n’est pas brillant pour les patients du NHS en termes de délais d’attente. » Si le Président persiste dans cette voie, il sera celui « qui aura définitivement enterré la médecine libérale », prévient le Dr Devulder.
Quant aux 32 milliards dévolus à la santé évoqués par le Premier ministre, Gabriel Attal, samedi 13 janvier depuis le CHU de Dijon, la CSMF demande « des choix clairs » sur l’utilisation de cette somme. « 2024 doit être l’année du virage ambulatoire », martèle le gastro-entérologue rémois. « La solution à l’engorgement des urgences sera la médecine libérale, à condition qu’elle bénéficie d’un choc d’attractivité », poursuit Franck Devulder, avec en ligne de mire la prochaine réunion multilatérale conventionnelle, programmée au 25 janvier.
Trois niveaux de consultations
À ce titre, le chef de file de la Confédération a listé ses desiderata, tout en rappelant en filigrane que sa centrale était un partenaire responsable. La CSMF ne demande ni le C à 50 euros, ni l’ouverture du secteur 2 pour tous, et n’appelle pas à un déconventionnement généralisé. Mais « oui à une hiérarchisation des consultations sur trois niveaux avec un C à 30 euros et deux niveaux d’expertise pour les spécialistes ». Et la possibilité de cumuler, dans certains cas, des cotations d’actes cliniques et techniques pour les spécialistes. La réussite de ces négociations en dépend. À noter que sur ce dernier point, le Syndicat des médecins libéraux (SML) est sur la même longueur d’onde.
Bien évidemment, le montant de l’enveloppe finale jouera aussi grandement sur le succès de l’entreprise. « Nous avons fait nos comptes, assure le Dr Devulder, à environ 600 millions d’euros près, ce qui est une somme, je l’admets. Mais nous ne sommes pas très loin de l’enveloppe dont disposait la Cnam l’an dernier, soit un peu plus de 1, 5 milliards d’euros. Nos demandes sont atteignables », insiste-t-il. Regrettant au passage que la Caisse ait refusé sa proposition de création d’un « forfait file active » pour les spécialistes sur le modèle du forfait médecin traitant pour les généralistes.
Pour autant, le Dr Devulder en est convaincu, en 2024, pour le système de soins, « la convention sera la mère de toutes les batailles. Cette fois, on ne peut pas échouer ». Un champ lexical martial qui n’est pas sans rappeler celui employé ces derniers temps par un autre président pour galvaniser ses troupes, le chef de l’État lui-même. En forme de méthode Coué ?
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