Alors qu'ils s'apprêtaient à entamer pour certains leur troisième semaine de vaccination, les médecins généralistes ont reçu hier une note urgente de la DGS venant bouleverser leur agenda de vaccination. Cette note de trois pages précise : « Pour la semaine du 8 mars, la commande ne sera ouverte que pour les besoins propres des officines », les médecins généralistes — qui ont commencé la vaccination en cabinet le 25 février — ne pourront pas réserver de flacons, « compte tenu du nombre de doses livrées par AstraZeneca (environ 28 000 flacons disponibles à la commande). » Une décision jugée « incompréhensible » et « scandaleuse » par les syndicats de médecins libéraux, le Collège, et l'Ordre des médecins.
Absolument. Ce mépris de DGS pour les patients et leurs médecins est absolument honteux, organiser des coups de com au détriment de la protection de la population est 1 scandale. Des non prioritaires vaccinés en centre hier, nous devons annuler rdv pour nos patients prioritaires!
— DocInvisible (@DocLucie) March 8, 2021
et je ne te raconte pas le bazar ce matin au cabinet médical où tout est programmé jusqu'à mi-avril! ils sont totalement inconscients et dangereux ces gens de la DGS. Nos secrétaires ne savent plus quoi dire et notre pharmacie est catastrophée.
— jlclouet (@jlclouet) March 8, 2021
Syndicats, Collège et Ordre des médecins, tous vent debout
Très remontés, les syndicats de médecins libéraux ont tous réagi respectivement via des communiqués de presse. Pour eux cette décision va à l'encontre de la stratégie vaccinale voulue par l'exécutif : « De qui se moque-t-on ? Nous avons salué l'arrivée des pharmaciens (...) dans la vaccination pour qu'enfin elle décolle. Par pour que ça désorganise complètement les circuits et les rendez-vous », a tonné la FMF. Alors qu'en effet certains médecins ont déjà programmé leurs vaccinations pour la semaine du 15 mars, la CSMF s'est montrée elle aussi inquiète pour tous les prochains rendez-vous « pris entre le 18 et le 26 mars », qui risquent d'être déprogrammés en raison de la pénurie de stock.
Dans un communiqué, le syndicat ReAGJIR a lui aussi remis en cause la stratégie vaccinale du gouvernement qui avance « 2 pas en avant, trois pas en arrière », rejoint ensuite par le syndicat Jeunes Médecins qui a, à son tour, alerté sur l'effet délétère de cette décision susceptible de faire « stagner, voir ralentir ». MG France et le SML sont allés plus loin encore réclamant la démission « du responsable de cette décision invraisemblable », Jérôme Salomon. L'UFML-S a demandé au ministère de la Santé dans son communiqué, de revenir sur sa décision « vécue comme une insulte par la profession » et ce, dans les plus brefs délais.
De son côté, le Collège de la médecine générale a pointé l'irresponsabilité de la décision qui « à l'heure où de nombreux patients prioritaires attendent encore leur vaccin » creuse un peu plus « les inégalités d'accès à la vaccination pour les patients les plus prioritaires.»
#Vaccination anti-#COVID19
— Ordre des Médecins (@ordre_medecins) March 8, 2021
"Je le dis très clairement : nous devons obtenir très rapidement un démenti de la Direction générale de Santé qui explique très clairement qu'on ne va pas déshabiller les médecins pour habiller les officines." @BouetP https://t.co/WNJmfdvusb
Un changement de cap ?
La DGS a confirmé au Généraliste les informations présentées dans le DGS-Urgent : « La commande est ouverte aux seuls pharmaciens en raison du faible nombre de doses livrées par le laboratoire (280 000 doses en tout) pour la semaine en question » ajoutant que « les commandes seraient à nouveau ouvertes à l'ensemble des professionnels de santé susceptibles de vacciner (...), le lundi 15 mars, pour une livraison la semaine suivante", sous réserve de l'approvisionnement du vaccin par le laboratoire. Une information relayée aux médecins dans l'après-midi, par l'envoi d'un nouveau DGS-Urgent.
Ce changement de cap intervient une semaine après l'annonce d'ouvrir la vaccination dès le 15 mars à d'autres professionnels de santé, les pharmaciens notamment. Mais jusqu'à ce week-end, la DGS n'avait jamais évoqué la possibilité de réserver des doses aux pharmaciens plutôt qu'aux médecins. De quoi brouiller un peu plus le message...
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