On savait déjà que l’âge était le facteur de risque prépondérant d’hospitalisation après une infection au Covid-19, mais une nouvelle étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) met également en évidence des caractéristiques démographiques et socio-économiques associées.
Pour réaliser cette étude, la Drees a appariée les données SI-VIC relatives aux patients hospitalisés atteints du Covid-19 et celles de Fidèle, le fichier démographique de l’Insee sur les logements et les individus, pour la période de mars 2020 à novembre 2021.
L’analyse confirme que l’âge élevé et le sexe masculin sont des facteurs de risque mais elle permet aussi d’en identifier d’autres. Ainsi la population hospitalisée réside plus souvent dans des logements sociaux (21 % contre 15 % de l’ensemble de la population) et plus densément occupés que la moyenne. L’étude montre que 33 % des individus hospitalisés et âgés de 50 à 74 ans résident dans un logement dont la surface par personne est inférieure à 30 mètres carrés, alors que cette proportion est de 24 % pour l’ensemble des individus de cette classe d’âge.
« Plus précisément, le risque d’hospitalisation augmente à mesure que diminue la surface disponible par habitant et il est plus élevé pour les occupants du parc social, indépendamment de la surface disponible », soulignent les auteurs. Il n’y a en revanche pas de corrélation entre conditions de logement et risque de complication à l’hôpital, ce qui suggère que les conditions de logement ont essentiellement un impact sur le risque d’exposition au virus.
Conditions de logement et niveau de vie allant souvent ensemble, il n’est pas surprenant de constater que le risque d’hospitalisation décroît avec le niveau de vie. « Les individus hospitalisés ont en moyenne un niveau de vie inférieur de 6 % au niveau de vie moyen de l’ensemble de la population et 57 % des individus hospitalisés ont un niveau de vie inférieur à la médiane », révèle l’étude.
Cette surreprésentation des populations les plus modestes se retrouve dans toutes les tranches d’âge mais est d’autant plus importante chez les plus jeunes. Au-delà de la question du logement d’autres facteurs liés au revenu peuvent l’expliquer. « Cet effet du revenu peut refléter des conditions de vie et de travail associées à un risque accru d’exposition au virus, ainsi qu’une présence plus fréquente de comorbidités chez les plus défavorisés », précise ainsi l’étude.
Un risque de décès corrélé au niveau de revenu pour les moins de 75 ans
Enfin l’étude de la Drees met en avant des hospitalisations plus fréquentes des individus nés à l’étranger. C’est le cas de 26 % des plus de 35 ans contre 17 % de l’ensemble de la population. Encore une fois ce phénomène s'observe dans toutes les tranches d’âge.
« Toutefois, cette surreprésentation ne concerne que les individus nés hors d’Europe, en particulier les personnes nées en Afrique (Maghreb et Afrique subsaharienne) », détaille l’étude. 17 % des individus hospitalisés de plus de 35 ans sont nés en Afrique, alors que ces derniers représentent 9 % des résidents de France métropolitaine du même groupe d’âge.
« Cet effet du pays de naissance, déjà mis en évidence par de nombreuses études internationales ayant identifié l’origine ethnique comme facteur de risque, pourrait refléter une inégale répartition des facteurs d’exposition (profession, respect des gestes barrière) ou de vulnérabilité (présence de comorbidités) », expliquent les auteurs.
Au-delà du risque d’hospitalisation, le risque de décéder du Covid-19 est également corrélé avec le niveau de revenu, mais seulement chez les moins de 75 ans. « Toutes choses égales par ailleurs, plus le niveau de revenu augmente, plus le risque de décéder décroît », note la Drees.
Pourquoi cet effet ne se retrouve pas pour les plus de 75 ans ? « Il est possible que la distribution inégale des comorbidités selon le niveau de vie soit particulièrement manifeste chez les plus jeunes, dont la santé peut être dégradée du fait de conditions de vie ou de travail défavorables », avancent les auteurs.
Un phénomène exacerbé par la vaccination
L’analyse de la Drees révèle également que la campagne vaccinale a accentué ces différences. En effet, lors de la 4e vague, pendant laquelle une partie de la population était vaccinée, le lien entre niveau de vie et risque d’hospitalisation est plus marqué. 63 % des individus hospitalisés lors de la quatrième vague ont un niveau de vie inférieur au niveau de vie médian contre 53 % lors de la première vague. Une différence qui pourrait s’expliquer notamment par le fait que les populations les plus défavorisées sont les moins bien vaccinées, comme le montrait une autre étude récente de la Drees.
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