Chez les médecins aussi, l’union sacrée, c’est fini. Après une semaine de grève des soins quasi-unitaire fin 2014, vos représentants ont relancé la machine à contestation en janvier, mais en ordre dispersé. Pas certain que les généralistes y voient bien clair dans le paysage actuel de la grogne. Selon les syndicats, les dates et les mots d’ordre sont, en effet, différents, au grand dam d’un certain nombre de nos lecteurs qui ne cachent pas leur agacement. La plupart des syndicats souscrivent, certes, à une grève larvée des télétransmissions. Mais c’est bien là leur seul point commun.
Attention donc à bien consulter le programme avant de vous rallier à telle ou telle consigne. À l’appel de la CSMF, vous êtes invités à refuser la PDS ce week-end. Une initiative qui fait suite à la grève des soins à «?SOS » dimanche et lundi et précède celle de jeudi lancée par MG France, après un mot d’ordre de fermeture des cabinets le 6 janvier. Le syndicat de Claude Leicher a d’ores et déjà prévu de relancer la consigne le 19 mars; histoire de mettre un peu d’ambiance dans des élections cantonales traditionnellement si ternes. Quelques jours plus tôt, c’est dans la rue que les médecins s’exprimeront! Manif pour tous ? Pas forcément. Ce sont les jeunes de l’ISNI qui organisent ce défilé du 15 mars. Les troupes de la CSMF et du SML ont dit banco. MG France et la FMF ont finalement décidé de s'y rallier à leur tour. Mais il n'est pas dit que le « Front généraliste » dans sa globailité leur emboite le pas…
Dans ce contexte agité, il est donc difficile de s’y retrouver. C’est dommage. La grogne y gagne peut-être en diversité, mais elle y perd en lisibilité et, plus embêtant encore, en crédibilité. D’autant que les pouvoirs publics de leur côté ne restent pas inactifs. La Cnamts – dont le nouveau boss est silencieux depuis le début des hostilités – balance régulièrement des chiffres pour relativiser la mobilisation des médecins sur la télétransmission ou mettre en évidence la progression des honoraires de généralistes ces derniers mois... Ce sont bien sûr ses propres stats, mais ça suffit pour semer le doute. D’autant que, parallèlement, Marisol Touraine se montre apaisante, ouvrant cette semaine pas moins de six groupes de concertation avec les médecins libéraux. La ministre joue-t-elle l’ouverture… ou la montre ? À vrai dire, personne ne sait vraiment jusqu’où elle compte aller. Mais pour l’heure, la première bénéficiaire de ces grandes manœuvres, c’est elle. Cette nouvelle dynamique la fait passer de l’alerte rouge à une zone grise où tous les espoirs sont permis. Au risque bien sûr de démobiliser les protestataires.
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