« J’ai tenté de tenir le coup ici », confie-t-il ce lundi au Quotidien. Mais après quatre plaintes de la caisse primaire « que le conseil de l’Ordre a heureusement classées sans suite », et un entretien houleux avec le directeur adjoint de la Cpam, qui lui reprochait « de ne pas prendre assez en compte la notion d’économie collective », l’enfant du pays a décidé de jeter l’éponge. « La caisse me reproche des prescriptions d’IJ et une patientèle trop importante par rapport à la moyenne du secteur », résume le Dr Lambert. Un délit « statistique » souvent critiqué par les syndicats de médecins libéraux et qu’il évoque directement dans sa ballade : « C’est pas parce que tu trimes dans un désert médical que tu dois la ramener avec ton profil anormal. Tes arrêts de travail sont beaucoup trop nombreux (…) Tes chiffres statistiques ne nous font pas rire . »

Et cette situation ne devrait pas s’arranger dans les mois qui viennent puisque le généraliste de Bompas a accepté de prendre, d’ici à la fin de l’année, les patients de ses trois collègues qui ont récemment pris leur retraite. « Je me suis installé en 1987, ces gens, ce sont mes proches, je ne peux pas les laisser en plan », argue le praticien. Résultat, ces derniers jours, son cabinet était ouvert de l’aube jusqu’ à 22 heures…

Pied de nez avant un cumul emploi-retraite

« L’idée de cette petite chanson m’est venue… parce qu’il nous faut prévenir les tutelles de la fermeture de notre cabinet six mois à l’avance », glisse-t-il. Ce généraliste aux mille vies, chanteur et batteur dans un groupe de rock semi-pro, « Route 66 » (en hommage à la mythique highway des États-Unis où il a résidé et au numéro du département dans lequel il exerce), n’a pu résister à ce pied de nez humoristique pour annoncer son départ.

Son avenir ? L’ancien médecin-chef de l’Union sportive Arlequins perpignanais (Usap), l’équipe de rugby de Perpignan, l’a déjà tout tracé. Il compte le passer avec « sa chérie » dans la maison qu’il possède dans un petit village de montagne à une heure de Perpignan, aux portes des stations de ski. « Je vais lever le pied et m’y installer, en cumul emploi retraite. J’aime trop mon métier pour m’arrêter complètement », reconnaît le Dr Lambert. Il en a d’ailleurs déjà parlé à ses patients de Bompas. « Si vous voulez faire une heure de voiture pour venir me voir là-haut plutôt que de patienter 22 heures aux urgences - ce qui est le cas en ce moment, affirme-t-il - vous êtes les bienvenus. »