« Nous, les maires, voulons nous adapter pour prendre en compte la réalité du terrain. Nous devons gérer maintenant une pénurie de médecins, il y a urgence à apporter une réponse. »
Nathalie Nieson, maire de Bourg-de-Péage (Drôme), vice-présidente de la communauté d'agglomération Valence Romans Agglo, résume l'angoisse des maires qui étaient réunis à Paris par l'Association des petites villes de France (APVF), Villes de France (qui rassemble les villes de 10 000 à 100 000 habitants) et la Mutuelle Nationale Territoriale (MNT).
Après avoir recensé les multiples solutions incitatives déjà déployées (maisons de santé, salariat direct par les communes, télémédecine, contrats d'engagement de service public pour les jeunes, contrats conventionnels, etc.), ces réponses ont été jugées « insuffisantes » par de nombreux maires, au regard de l'« urgence ».
La Mayenne est-elle un paradis ?
« Il est légitime que les médecins ne s’installent pas là où ils le veulent mais là où l’on a besoin d’eux », a lancé Michel Gourinchas, maire de Cognac (Charente).
Un argument assumé de longue date par Guillaume Garot, député socialiste de la Mayenne. L'ex-maire de Laval est l'auteur d'une proposition de loi visant à instaurer le conventionnement sélectif des médecins en zone surdotée, initiative écartée par l'Assemblée nationale. « On nous dit depuis des années de faire des regroupements, nous le faisons, d'inciter des médecins à accueillir les stagiaires, nous le faisons, de donner le travail aux conjoints, nous nous sommes mobilisés pour cela ! Mais au bout du bout, la Mayenne est-elle un paradis pour les médecins ? Non ! Environ 10 000 mayennais n'ont pas de médecins traitants. Organisez-vous, nous dit-on. Sauf que cela ne marche pas », s'agace le député PS.
Xavier Nicolas, maire de Senonches (Eure-et-Loir), fait valoir que sa commune a fait construire une maison de santé qui a coûté 1,3 million d’euros, « dont 1 million de subventions ». « Cela fait beaucoup d’argent public ! Quand on parle de "régulation" à l'installation, ce n'est en aucun cas la "coercition" », plaide le maire, soucieux de la sémantique. Antoine Reydellet, président de l’InterSyndicale national des internes (ISNI), recadre aussitôt. « La régulation est une solution du passé, les pays qui l'ont mise en place comme l'Allemagne sont revenus sur cette mesure. Si vous instaurez une régulation, les 19 000 postes hospitaliers vacants seront pourvus et il n’y a aura plus personne dans les campagnes », martèle le leader des internes.
Le Dr Jacques Lucas, premier vice-président de l'Ordre national des médecins et délégué général au numérique, précise que l'institution ordinale n'est pas opposée par principe aux mesures régulatrices. « Mais si on entend par régulation une obligation à l'installation, je crains qu'on aille à l'échec », nuance-t-il.
À l’issue du colloque, l'APVF et Villes de France ont formulé sept propositions communes officielles parmi lesquelles... le non-conventionnement par la Sécurité sociale de nouveaux praticiens dans les zones en sur-numéraire.
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