« Je suis complètement partante ! La démarche “Deux jours en libéral” apporte une vraie valeur. Car on ne peut apprécier les choses qu’en les découvrant ! », s’enthousiasme la Dr Anne Béguin, installée à Lyon. C’est durant le printemps que la pédiatre a pris connaissance du dispositif mis en place par l’URPS Auvergne-Rhône-Alpes. Objectif : permettre aux étudiants d’approcher la réalité et les atouts de ce mode d’exercice : « La qualité de la relation avec les patients, le rôle d’utilité publique… » Aussitôt, la praticienne s’est portée volontaire sur la plateforme dédiée pour accueillir des étudiants de la 2e à la 6e année de médecine, lors de sessions d’une demi-journée à deux jours. « Car on ne tend pas forcément et spontanément vers le libéral. Il faut aussi que les jeunes puissent voir comment on pratique… C'est comme cela qu'ils pourront être attirés (ou pas) vers ce mode d’exercice », fait valoir celle qui fait partie des 300 médecins (déjà) inscrits.
« On connaît tous l’exercice à l'hôpital pour y être passé lors de nos études de médecine. À l’inverse, les hospitaliers ne savent pas ce que l'on fait en libéral. »
Dr Anne Béguin
Immersion facultative
Rompue à l’accueil d’étudiants en tant que maître de stage universitaire, la praticienne est consciente que cette immersion n’a pas le même objectif. « Deux demi-journées ou une journée entière, c'est quand même relativement court. Ça permet de faire connaissance, même si on n'a pas trop le temps d'échanger, car en consultation de ville, avec les patients ça s'enchaîne… » Une opportunité certes facultative, dont la valeur et la qualité dépendent de « l'attitude et du caractère de l'étudiant », note la praticienne, totalement convaincue de la nécessité d’ouvrir cabinets et cliniques aux futurs médecins. « On connaît tous l’exercice à l'hôpital pour y être passé lors de nos études de médecine. À l’inverse, les hospitaliers ne savent pas ce que l'on fait en libéral… », pointe la Dr Anne Béguin. De fait, le cursus médical est essentiellement axé sur l’apprentissage en milieu hospitalier. « Une vision un peu réduite » pour appréhender la médecine dans sa globalité, estime la pédiatre qui a été chef de clinique et praticienne hospitalière aux urgences lyonnaises de l’ex-hôpital Debrousse pendant six ans.
Révélation
« Les hospitaliers en pédiatrie seraient super surpris par l’exercice de cette spécialité pratiquée en libéral. Ce n'est pas la même chose. Mais ça a une vraie valeur. Il faut veiller à ne pas dévaloriser la ville versus l'hôpital, à ne pas opposer sachants et universitaires à la médecine de ville », souligne la spécialiste qui a découvert la pratique de sa spécialité en cabinet, bien après avoir commencé comme PH. « Une révélation ! Et un changement radical de mode d'exercice. Que je ne connaissais absolument pas ! » Pour autant, la pédiatre libérale n’a rien abandonné de la recherche. Aujourd’hui, elle est membre de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA) « dotée d’un énorme dynamisme pour avancer sur tout ce qui concerne l’enfant » et fait également partie du groupe Panel Ambulatoire de Recherche en Infectiologie (PARI), une société savante « qui permet de faire de la recherche en infectiologie pédiatrique, un très bel observatoire en libéral ».
Lien avec le patient
La Dr Anne Béguin tient certes, à pallier une méconnaissance de ce mode d’exercice. Mais avant tout, elle désire transmettre à la nouvelle génération, son goût de la médecine libérale. « Car nous tissons un lien avec les patients et jouons un vrai rôle dans la prévention… », affirme celle qui a déjà accueilli en mai dernier une étudiante de 4e année. « Bien à l'aise, tout en trouvant sa juste place, Agathe a vraiment participé aux consultations. Elle avait l'air de prendre cette immersion comme une véritable opportunité à tester un mode d’exercice différent de celui de l’hôpital. C’était un bel échange ! » résume la pédiatre, fin prête à réitérer l’expérience avec une deuxième étudiante le mois prochain. Et si le dispositif « Deux jours en libéral » est amené à s’étendre à d’autres régions, elle se surprend à « imaginer des stages en libéral de 6 semaines… Ça pourrait être une prochaine étape ! »
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