DE NOTRE CORRESPONDANT
À L’APPEL de la Fédération européenne des médecins salariés (FEMS) et de cinq autres associations européennes de médecins, les manifestants sont venus faire connaître aux députés européens leur refus de travailler « plus de 48 heures par semaine, sans temps de repos obligatoire mais avec des périodes non payées », ainsi que le résume le Dr Claude Wetzel, anesthésiste à Strasbourg et président de la FEMS.
Cette initiative intervenue à l’avant-veille du débat au Parlement d’une révision de la directive européenne sur le temps de travail dont un certain nombre d’articles concernent directement les médecins. Selon ce projet examiné aujourd’hui à Strasbourg, le temps passé sur place entre deux interventions ne serait plus comptabilisé comme du temps de travail, et ne serait donc plus forcément rémunéré ; les repos compensateurs pourraient être décalés de quelques jours après les périodes de travail, et la durée moyenne de travail pourrait excéder 48 heures par semaine. Pour les médecins, ces nouvelles règles marquent une « régression dangereuse » pour eux-mêmes comme pour les patients.
Rencontre avec les députés
Installés dans le brouillard - mais avec du café et des gâteaux - devant l’immense immeuble strasbourgeois du Parlement, les médecins ont accueilli dès 10 heures, avec des tracts et des banderoles alarmantes ou humoristiques, les parlementaires venant siéger pour la dernière session de l’année. Certaines délégations, comme les Polonais, partis la veille en pleine nuit afin d’arriver à l’heure, avaient particulièrement soigné leur apparence, vêtus de tenues de salle d’opération et agitant des drapeaux et des calicots. Au cours de la journée, un certain nombre de députés, dont les plus investis dans les questions sociales et sanitaires, sont allés à la rencontre des médecins. De leur côté, plusieurs médecins ont obtenu des entrevues avec les responsables des principaux groupes politiques à l’intérieur du Parlement, et passé quelques minutes devant l’entrée de l’hémicycle, lors du début officiel de la session. La délégation française, certes d’allure moins « spectaculaire » que ses homologues polonaises, tchèques ou italiennes, réunissait notamment un grand nombre d’urgentistes et d’anesthésistes réanimateurs. « Un médecin qui vient de travailler 24 heures d’affilée et qui doit continuer sans repos a une vigilance comparable à celle d’un automobiliste conduisait avec 0,8 gramme d’alcool dans le sang : voulez vous vraiment vous faire opérer par un médecin dans cet état ? », ont demandé les médecins aux députés.
Mardi, ce sont plusieurs milliers de salariés, toutes professions confondues cette fois, qui devaient eux aussi défiler à Strasbourg contre cette directive. « C’est peut-être dommage que nous ayons choisi de manifester seuls la veille de notre côté, notait d’ailleurs le Dr Patrick Pelloux, mais les médecins sentent toujours le besoin de se singulariser… » Une délégation de médecins devait néanmoins participer, elle aussi, à la manifestation « générale » organisée… le jour de la venue de Nicolas Sarkozy au Parlement pour clore la présidence française de l’Union.
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