Formation continue
À peine lancé, le dispositif des groupes d’analyse de pratiques à destination des médecins a-t-il déjà du plomb dans l’aile ? MG France dénonce en tout cas l’« échec prévisible » de cette démarche, censée permettre la mise en place conventionnelle de ces petits groupes de praticiens pour améliorer les pratiques et la pertinence des prescriptions.
« On en avait beaucoup parlé avec la Cnam et on pensait vraiment s’appuyer sur les associations de formation des médecins ! », déplore le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint de MG France. Las, les modalités administratives très cadrées de l’appel à projets dans les régions, lancé la semaine dernière par la Cnam et l’Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC) pour la mise en œuvre de ces groupes d’analyse de pratiques (GAP), conduisent déjà le principal syndicat de généralistes à boycotter cet appel d’offres… Son association de formation parasyndicale MG Form n’y participera donc pas.
Cette concertation doit être un levier d’amélioration des pratiques des participants au regard des données de la science
Un seul organisme par région
Ces groupes d’analyse des pratiques s’inscrivent dans le cadre de l’article 71 de la nouvelle convention médicale signée en juin 2024. « Afin d’améliorer la pratique professionnelle en matière d’efficience et de pertinence des soins, l’Assurance-maladie s’engage à favoriser sur le territoire un dispositif d’échange de pratique entre pairs favorisant une démarche réflexive », explique la Cnam. Cette concertation doit être un levier d’amélioration des pratiques des participants au regard des données de la science. Il s’agit aussi d’éviter des dépenses inutiles.
Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 27 mars 2025. L’appel à projets se déploiera sur trois ans dans huit régions (qui sont dépourvues de ces groupes) ainsi qu’en Martinique, à la Réunion et en Guadeloupe.
Groupes de 10 à 15 médecins
La méthode est désormais connue. L’appel à projets pluriannuel se déploiera sur trois ans de 2025 à fin 2027. Il vise à sélectionner, dans chacune de ces régions, « un organisme chargé du déploiement, de l’accompagnement méthodologique, du suivi et de l’évaluation de l’impact de groupes d’analyse de pratiques de 10 à 15 médecins libéraux », généralistes ou spécialistes. Seuls les organismes enregistrés auprès de l’agence du DPC pour les médecins et l’évaluation des pratiques pourront se porter candidat.
Mais ce cadrage serré ne fait pas l’unanimité. « Ça va faire un flop, prédit la Dr Agnès Giannotti, présidente de MG France. Au lieu de partir de l’existant au travers des groupes de pairs et des groupes qualité déjà montés par les médecins, cet appel d’offres monté de façon quasi industrielle va rebuter les généralistes de terrain. »
À la CSMF, on préfère voir le verre à moitié plein. « Nous serons vigilants sur les candidatures régionales qui seront retenues par l’ANDPC, notamment celles des sociétés à but lucratif qui forment le gros des organismes de formation », alerte d’emblée le Dr Luc Duquesnel. Mais le généraliste mayennais, président de la branche généraliste de la Conf’, observe aussi que les groupes qualité qui se sont constitués depuis quinze ans dans une poignée de régions – dont la sienne – avec des médecins volontaires ont été un véritable levier pour l’amélioration des pratiques.
Éviter le diktat
Au SML, c’est le délai très court de dépôt des candidatures (avant le 27 mars 2025) et la méthode même de l’appel d’offres – à l’issue de laquelle un seul organisme sera donc sélectionné – qui interroge. « Nous verrons bien ce que cela donne à l’arrivée et si on évite les diktats imposés aux médecins en matière de DPC », lâche, circonspecte, la Dr Sophie Bauer, cheffe de file du syndicat.
Interrogée par Le Quotidien, l’agence nationale du DPC précise avoir budgété un million d’euros pour la première année de mise en œuvre. Le coût annuel du dispositif devrait tourner autour de 2,4 millions d’euros.
Et la rémunération ?
Le médecin libéral conventionné participant au groupe d’analyse de pratiques ainsi que l’animateur perçoivent 140 euros pour la participation à chaque groupe de deux heures. Ce montant est versé si le praticien participe à un minimum de sept séances sur les dix prévues pour les groupes organisant dix réunions par an et un minimum de quatre séances sur les cinq prévues pour ceux organisés avec cinq réunions par an.
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique
« Cela correspond totalement à mes valeurs », témoigne la Dr Boizard, volontaire de Médecins solidaires
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne