« Trois gendarmes ont débarqué mardi 21 janvier au cabinet médical pendant ses consultations pour remettre au médecin la réquisition préfectorale. C’est du grand n’importe quoi ! Un médecin n’est pas un délinquant ! », déclare Mireille Brunelin, adjointe à la mairie de Bully (Loire) jointe par Le Quotidien. L’élue locale du petit village de 450 habitants ne décolère pas contre l’ordre de réquisition du préfet à la suite d’une demande de l’ARS pour pallier un tableau de garde du secteur incomplet. « Il y avait peut-être d’autres solutions que la réquisition. C’est malheureux », commente l’adjointe. Interrogé le 25 janvier par France Info, le directeur adjoint de la délégation départementale de l’ARS, Maxime Audin, a expliqué que face à un tableau de garde incomplet, son rôle était « d’assurer le meilleur accès possible aux soins pour les habitants du secteur qui ont le droit d'être malades ».
Une suspension temporaire
La médecin réquisitionnée qui avait toujours assuré ses gardes avait prévenu l’ARS et l’ordre départemental des médecins de son retrait de la liste de la PDSA à compter du début de l’année 2025. Motif invoqué : depuis le départ du second praticien du cabinet médical de Bully en juin 2024, la praticienne s’était retrouvée « toute seule avec 1 500 patients », affirme Mireille Brunelin. « Elle ne peut pas tout gérer », poursuit l’élue. Sous le choc, la médecin a été en effet placée en arrêt maladie jusqu’au 15 février.
Dans un communiqué envoyé au Quotidien, Rodolphe Calandry, le directeur de l’association du centre de santé du Marais qui emploie la médecin concernée tente de calmer le jeu. Il affirme que « cette décision de suspendre temporairement son activité n’est pas liée à sa récente réquisition » mais « à des raisons personnelles ». « C’est un élément [la réquisition, NDLR] parmi d’autres dans sa réflexion […]. La problématique de la permanence des soins dans le secteur de Bully est une difficulté de longue date », peut-on lire.
Même si 97 % des territoires sont couverts par la PDSA, selon le dernier bilan de l’Ordre des médecins, la situation de Bully reflète en réalité des difficultés de certains secteurs de garde, confrontés aux effectifs de médecins réduits à la suite des départs à la retraite. Aujourd’hui, si les gardes libérales sont bien fondées sur le volontariat, en cas de liste de garde incomplète, des réquisitions préfectorales sont possibles pour tout médecin, volontaire ou pas. Or cette solution, très rarement utilisée et toujours mal vécue par la profession, peut entraîner des effets de bord importants. Une réquisition risque ainsi de pousser certains médecins à quitter le territoire à cause de la charge de travail trop importante que représentent les gardes mais aussi de décourager les jeunes à s’y installer.
En attendant, les patients de Bully ne sont pas totalement démunis. Un médecin du village voisin a accepté de venir deux jours par semaine sur place, et ce jusqu’au 15 février. Pour soutenir la médecin concernée, la mairie va lancer ce samedi une pétition pour mobiliser les habitants afin de « faire bouger les choses ». « Nous demandons que la médecin soit dispensée totalement des gardes tant qu’elle est seule au cabinet médical », soutient Mireille Brunelin.
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