Triste mésaventure encore que celle vécue par une médecin généraliste de la Vienne dont le seul « tort » fut de faire patienter un peu trop un couple en retard avec son bébé. Protestations, insultes, et même coups… L’épilogue se soldera pour cette consoeur par un hématome intracrânien et trois jours d’hôpital… Cet épisode a remué ses confrères, qui ont fait valoir leur droit de retrait durant le pont de la Toussaint, une « Journée santé morte » devant être organisée le 22 novembre dans le département. L’émotion ressentie renvoie aux risques du métier. Comme en écho à l’Observatoire sur les violences aux médecins qui, il y a dix jours, montrait que les généralistes étaient de plus en plus en première ligne, souvent pour des insultes de la part de patients irascibles…
Après d’autres, l’agression de Châtellerault montre pourtant que rien n’est simple quand il s’agit de sécuriser des professionnels de santé dont l’exercice repose, par définition, sur la confiance. Peu de temps après les faits, le président du Cnom pressait ainsi les pouvoirs publics d’agir. Un Patrick Bouet qui connaît ses classiques, exerçant lui-même dans le « 93 ». Pour autant, les expérimentations lancées ça et là, souvent sous l’égide de l’Ordre, entre médecins et police, ne sont pas si facilement reproductibles. Mi-octobre, la CSMF était, elle aussi, montée au créneau sur ce dossier, réclamant des lignes « urgence sécurité » ou l'installation de caméras près des cabinets. Mais, comme le reconnaissait lui-même le syndicat, encore faudrait- il que cet arsenal ne mette pas à mal le secret médical…
Reste à agir sur l’organisation du métier. La piste est prometteuse. MG France revendique ainsi depuis longtemps un bonus financier à même de permettre à chaque praticien de s’offrir un secrétariat. Mais, là encore, il faut rester modeste. Car avec un mode d’exercice de plus en plus collectif, les violences en cabinet auraient déjà dû régresser. Or il n’en est rien, l’incident de Châtellerault faisant d’ailleurs la démonstration qu’on peut se faire brutaliser au coeur même d’une MSP… Faute de solutions miracles pour protéger les médecins, c’est peut-être alors du côté des patients qu’il faudrait se tourner. Ils ont conquis de nouveaux droits depuis quinze ans ? Bravo ! À quand une grande campagne sur les devoirs de l’usager du système de santé ?
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique