Mediator : Servier veut que l’État lui rembourse une partie des indemnités versées aux victimes

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Publié le 12/09/2019
Mediator

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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Le laboratoire pharmaceutique Servier a confirmé hier avoir saisi le tribunal administratif de Paris en mars dernier pour obtenir le remboursement par l’État d’une partie des indemnisations qu’il a déjà versées aux victimes du Mediator.

Dans une décision rendue 2016, le Conseil d'État avait considéré que l'État était responsable des réparations, mais seulement partiellement, en raison des « agissements fautifs » du laboratoire pharmaceutique Servier. En août 2017, la cour administrative d'appel de Paris avait fixé à 30 % la part de l'État dans cette responsabilité. Quelques mois plus tard, l'État avait été condamné pour la première fois à indemniser une plaignante dans l'affaire du Mediator à hauteur de 30 % du montant total de la réparation, selon un jugement du tribunal administratif. C’est donc sur ces décisions de justice que le laboratoire s’appuie pour demander le remboursement de l’État.

Pas de réponse de la DGS

Depuis les premières indemnisations en 2012, Servier a versé au total 131,8 millions d'euros, selon un décompte arrêté au 30 août sur le site internet du groupe. Plus de 3 700 patients ont ainsi reçu une offre, en ajoutant ceux qui ont déposé une demande d'indemnisation auprès de l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (Oniam) et ceux ayant conclu un accord transactionnel avec Servier après avoir entamé une procédure en justice. « À la suite des différentes décisions administratives qui ont retenu une responsabilité de l'État à hauteur de 30 % (...) les laboratoires Servier ont décidé de continuer à indemniser tous les patients, sans se poser la question d'une quote-part de responsabilité, de manière à s'assurer que les patients soient indemnisés avant tout », a déclaré Jacques-Antoine Robert, l’avocat des laboratoires. « Dans un second temps, une fois les patients indemnisés, la question s'est posée – et on l'a posée à l'État via un courrier à la Direction générale de la santé – de savoir quelle était leur position suite à ces décisions de justice », souligne-t-il. Faute de réponse de l'État, « il a fallu que l'on fasse un recours pour ne pas laisser passer les délais ».

Au pénal, le procès contre Servier et l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) se tiendra au tribunal correctionnel de Paris à partir du 23 septembre et durera plusieurs mois. Le groupe pharmaceutique devra répondre de « tromperie aggravée, escroquerie, blessures et homicides involontaires et trafic d'influence », et l'ANSM de « blessures et homicides involontaires ». Au total, 11 personnes morales et 14 personnes physiques seront jugées.

(avec AFP)


Source : lequotidiendumedecin.fr