Face à la désertification médicale, les médecins prolongent leur activité au-delà de l'âge légal de la retraite. Une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees-ministère de la Santé) révèle que 12 100 praticiens libéraux, soit près d'un médecin libéral en activité sur dix, cumulaient emploi et retraite au 1er janvier 2018. Ce chiffre est en forte hausse depuis 2011 où la proportion n'était que de 3,5 % soit 4 500 praticiens.
Cette hausse est également la conséquence de la suppression du plafond de revenu autorisé dans le cadre du cumul en 2009, indique la Drees. La Caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf), dont émanent ces statistiques, avait également indiqué au Généraliste un ralentissement de la progression des cumuls sur l'année 2018, probable conséquence de la réforme de la retraite en temps choisi, « qui rend plus intéressante une poursuite d'activité sans liquidation ».
La part des médecins en cumul emploi-retraite est très variable selon la spécialité. Les généralistes sont en dessous de la moyenne de l'ensemble des médecins qui ont une retraite active : 8,3 % d'entre eux prolongent leur exercice. Ils « reculent ou diffèrent » leur départ à la retraite dans les zones sous dotées, du fait de leur relation proche avec leurs patients et des difficultés auxquelles ceux-ci sont confrontés pour retrouver un médecin traitant. Dans les autres spécialités, les champions du cumul sont les psychiatres (près du quart de leur effectif) les gynécologues (15 %), contre 6 % des anesthésistes ou des chirurgiens.
Profil du cumulant
Paris reste la ville où les libéraux utilisent le plus le dispositif. Un médecin sur cinq cumule emploi et retraite dans la capitale. Le médecin en cumul emploi-retraite est dans la plupart des cas un homme de plus de 65 ans. 81 % des retraités en activité sont des hommes. Parmi les médecins de plus de 65 ans activité, 70 % sont des « cumulants ».
Poursuivre son activité veut aussi dire arrêter de travailler plus vieux. Les cumulants stoppent leur activité quatre ans plus tard que ceux qui partent directement à la retraite : 69,5 ans en moyenne en 2016 contre 65,1 ans. La durée du cumul est cependant plus courte pour les généralistes que pour les autres spécialistes de secteur 1 avec un trimestre de différence. Au final, les généralistes partent globalement de plus en plus tard, à 66,5 ans en moyenne.
Les généralistes qui ont opté pour le cumul emploi-retraite ont un revenu net imposable inférieur de 26 % à celui de l'ensemble des omnipraticiens libéraux actifs, précise la Drees. Il est inférieur de 30 % chez l'ensemble des médecins avec un revenu moyen annuel de 75 600 euros. À ce revenu s'ajoute la pension de retraite moyenne d’un peu moins de 40 000 euros par an.
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