À la veille de la nouvelle concertation sur la réforme des retraites, l’Unapl (Union nationale des professions libérales) réunissait mercredi un conseil national extraordinaire. À l’issue de celui-ci, l'organisation, qui fédère 67 organisations syndicales de professions libérales, a adopté une motion fixant les exigences des libéraux pour adhérer à cette réforme. « En l’état, elle ne peut être acceptée », a prévenu le président de l'Unapl, Michel Picon (au centre sur la photo), agent général d'assurances. Celui-ci a également souligné que les libéraux « n’étaient pas demandeurs » de cette réforme et que les onze caisses indépendantes avaient été gérées avec « beaucoup de sérieux et de responsabilité ».
La menace d’une mobilisation nationale brandie
Contrairement au collectif SOS Retraites — dont l’UFML-S et la FMF font partie — qui invite avocats, médecins, chirurgiens, infirmiers, kiné, orthophonistes, pilotes, ou encore personnel navigant à manifester à Paris le 16 septembre contre la réforme, l’Unapl laisse donc une chance à cette nouvelle phase de négociation. « Une telle manifestation, cela se prépare, cela ne s’improvise pas », souligne par ailleurs le Dr Philippe Vermesch, président du SML, présent lors de ce conseil national extraordinaire.
Toutefois, l’Unapl, qui rencontrera vendredi le Haut-commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye, nouvellement entré au gouvernement, a brandi la menace d’une mobilisation nationale d’ampleur en cas de statu quo sur les points qu’elle soulève. « Si ces points ne sont pas revus, il y aura une mobilisation nationale, avec manifestation et fermeture des cabinets », a averti Michel Picon.
Des adaptations aux spécificités des professions
Le premier point évoqué par le président de l’Unapl est le maintien de la spécificité de la retraite des professions libérales. « Imaginer qu’un régime de retraite puisse donner la même taille et la même pointure à tout le monde est une vue de l’esprit, a-t-il lancé. Il y a obligatoirement besoin d’adapter ce projet de réforme en fonction des professions. » « Les médecins ont des carrières plus courtes car ils rentrent dans la vie professionnelle autour des trente ans », a notamment souligné Michel Picon.
Il s’est également montré inquiet quant aux déclarations d’Emmanuel Macron, qui a récemment évoqué la possibilité d’une durée de cotisation pour toucher une retraite à plein taux. « Que veut-on faire ? Faire travailler un médecin jusqu’à 75 ans ? »
Pas touche aux réserves des caisses
Sur les 27 milliards d’euros de réserves des caisses de retraites des professions libérales (dont 7 pour la Carmf), le président de l’Unapl observe qu’en matière de retraites « il y a des cigales et des fourmis depuis des années ». « Vous comprenez bien que nous n‘avons pas l’envie que ces sommes accumulées au détriment de ceux qui cotisaient et de ceux qui percevaient les pensions partent dans un flot d’une gouvernance étatique dont on n’aura pas le suivi ». Et Michel Picon de marteler que son organisation s’opposera « farouchement » à toute atteinte à ces réserves.
Pour ne pas voir les professions libérales s’opposer à sa réforme, le gouvernement devra également faire preuve d’une transparence totale sur les chiffres, a indiqué Michel Picon. « Nous avons demandé des simulations depuis plusieurs mois. Elles n’arrivent pas. »
La quatrième condition fixée par l’Unapl concerne la gouvernance du régime. L’union exige que les professions libérales puissent y prendre part. « Comment imaginer que des millions d’indépendants ayant constitué seuls leur retraite soient écartés de celle-ci ? Le régime doit être géré de manière paritaire avec des représentants des salariés, des employeurs et des indépendants », a affirmé le président de l’Unapl.
Enfin, Michel Picon a expliqué que l’Unapl ne défendait pas seulement les professions libérales. « C’est aussi pour les Français que nous nous battons, pour nos patients, pour nos clients. Ce combat n’est pas qu’un combat corporatiste. » Et d’ajouter : « Qui peut imaginer que les professions de santé garderont de leur attractivité lorsque les professionnels dans leur intégralité n’exerceront plus en libéral ? Qui sera au chevet des patients dans les territoires ? »
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