Au lendemain de la réunion de préparation de la période estivale et au risque de canicule, la CSMF a répondu aux récentes attaques du président de la FHF et de l'urgentiste Patrick Pelloux, qui accusaient la médecine libérale d'être responsables de l'engorgement des urgences.
Voulant dépasser la polémique, son patron, le Dr Jean-Paul Ortiz, a défendu le rôle essentiel que peuvent jouer les médecins de ville pour résoudre cette crise des urgences. Il a déploré que ceux-ci soient trop souvent oubliés alors qu’ils pourraient grandement contribuer à désengorger les services. « Si les urgences hospitalières sont en crise (...) c'est parce qu'au fil des différents gouvernements, l'image qui a été donnée aux Français est celle d'un systématique recours à l'hôpital pour toute urgence quelle qu'elle soit », a-t-il diagnostiqué mercredi lors d'une conférence de presse.
Le néphrologue regrette que « les services de régulation comme les centres 15 orientent quasi systématiquement les appels vers les structures hospitalières publiques ». Et presque jamais vers les établissements hospitaliers privés, malgré « leur performance, la qualité de leur organisation et la fluidité de leur prise en charge souvent dans des délais extrêmement rapides ».
Accompagner la prise en charge des soins non programmés
Pour le patron de la Conf', les médecins libéraux ne doivent être écartés dans le désengorgement des urgences, et beaucoup sont même volontaires pour le faire, si on leur en donne les moyens. « Nous sommes prêts à̀ prendre nos responsabilités et prendre toute notre place dans cette organisation pour les urgences, a-t-il affirmé. Mais encore faut-il qu’on nous en donne les moyens. »
Plutôt que des « primes ou budgets complémentaires » alloués aux services d'urgence par Agnès Buzyn, le Dr Ortiz suggère de soutenir des organisations libérales pour la prise en charge des soins non programmés comme à Strasbourg et Metz. Dans ces villes, chaque acte médical réalisé après une régulation libérale en journée est majoré de 15 euros dans le cadre d'un programme conclu avec l'ARS Grand Est. Un modèle pourtant décrié par l’Assurance maladie, qui le considère trop coûteux. « Mais peut-on comparer la quinzaine d’euros versés en complément du tarif de la consultation habituelle aux 250 euros en moyenne d’un passage aux urgences hospitalières sans hospitalisation ? », interroge Jean-Paul Ortiz.
Le président de la CSMF plaide également en faveur du développement de la régulation libérale, notamment avec l’adoption du 116 117 comme numéro unique pour la ville. « Le retard du gouvernement à prendre une décision que tous les acteurs attendent autour de ce numéro est préjudiciable à la bonne marche du système », souligne-t-il.
Élargir les horaires de PDS
Le Dr Ortiz préconise également de passer le créneau 18 heures - 20 heures en semaine ainsi que le samedi matin dans les horaires de permanence des soins ambulatoire (PDSA) et de favoriser la participation à celle-ci grâce à une défiscalisation. « Il s’agit d’une véritable mission de service public, qui doit être considérée comme telle », explique-t-il.
Enfin, il appelle à « innover » en créant des « unités de prise en charge de soins non programmés » dans maisons de santé́ pluriprofessionnelles ou des cabinets de groupe avec un financement spécifique qui serait moins important qu’un passage aux urgences hospitalières.
L'avenant conventionnel sur les assistants médicaux et l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI) sur les CPTS que le SML, MG France et la CSMF signeront jeudi matin au siège de l'Assurance maladie devraient aider les libéraux à résoudre en partie le problème de l'accès aux soins.
Mercredi, le Dr Ortiz a expliqué pourquoi la Conf', sans angélisme, avait choisi de parapher ces deux textes, malgré leur complexité. « La CSMF a décidé de signer cet avenant 7 car il est l'occasion d'accompagner une mutation du cabinet médical (...) vers un exercice regroupé coordonné et renforcé », fait-il valoir. Concernant les CPTS, le patron du syndicat souligne que ces organisations « sont en train d'émerger partout en France » et estime que « ne pas les accompagner, y compris financièrement, serait nier cette réalité ».
« Ce que fait le député Garot, c’est du sabotage ! » : la nouvelle présidente de Médecins pour demain à l’offensive
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences