Pour leurs 8es rencontres nationales (7 et 8 novembre), les jeunes généralistes du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR) ont choisi l’ancienne cité royale de Reims. Au menu : des ateliers et tables rondes sur l’exercice coordonné et pluriprofessionnel ou encore sur l'accès aux soins.
Ce jeudi matin, vers 9H, une cinquantaine de jeunes médecins étaient déjà présents dans le grand hall du centre des congrès. Le Dr Delphine Loquin, 37 ans, installée depuis cinq ans à Tremblay (Ille-et-Vilaine), à 30 km de Rennes, partage un café avec une jeune consœur. « Cela fait trois ans que je reviens. Le congrès me permet d'accéder à un peu de formation et à l’actualité syndicale », raconte le médecin qui exerce dans une maison de santé. Pour la jeune femme, paradoxalement, la retraite reste un sujet de préoccupation : « Je veux en savoir plus sur la réforme qui se profile ».
Exercice coordonné oui, CPTS pas forcément
Plus loin se trouve le Dr Gaëlle Pellerin, installée dans un cabinet pluriprofessionnel depuis janvier à Rostrenen (Côtes-d’Armor) « pour suivre son mari originaire du coin ». « Je me suis inscrite tout de suite à ReAGJIR après mon internat il y a quatre ans. Pour moi, ce congrès permet d’échanger sur l’exercice, de partager nos difficultés, nos façons par exemple de gérer les urgences, les internes, les patients », confie-t-elle.
Pour cette jeune femme, l’exercice coordonné est l’avenir de la médecine libérale, mais « la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) n’est pas forcément la solution ». L’une des missions obligatoires de cette nouvelle organisation est de faciliter l'accès rapide des patients à un médecin traitant. « Je ne peux plus prendre de nouveaux patients et ce n’est pas la délégation de tâches qui va me permettre de le faire. Je me pose la question de ne pas adhérer à la CPTS à cause de cela », assure-t-elle. Le Dr Pellerin espère trouver des réponses au congrès.
Les maires vont monter au créneau
Fidèle à ce rendez-vous annuel, le Dr Jacques Dauberton, ancien président de ReAGJIR et ancien conseiller ministériel de Marisol Touraine, se montre plutôt inquiet sur la liberté d’installation. « C’est un enjeu fort à venir. Si on ne sent pas d’amélioration sur l’accès aux soins, je crains que la coercition à l’installation passe. Dans le contexte des élections municipales, les maires vont remonter au créneau », déclare-t-il, rappelant les offensives musclées d'élus comme Philippe Vigier. Le député centriste d'Eure-et-Loir prône depuis plusieurs années la régulation à l'installation.
Invité de la séance inaugurale, le Dr Paul Frappé, président du Collège de la médecine générale a été limpide. « Nous ne voulons pas de coercition, ni pour nous ni pour les patients », dit-il. Le CNG promeut « une incitation pertinente et la responsabilisation de chaque acteur, du patient dans son parcours, du professionnel dans la gestion des soins non programmés, dans la qualité de ses formations et de la gestion de ses liens d’intérêt ». Cette incitation passe aussi par la mise en place « d’un cadre de cohérence » du métier dans lequel s’inscrivent de nouvelles professions comme les assistants médicaux ou de nouvelles pratiques incluant les délégations de tâches. Quels messages Agnès Buzyn enverra-t-elle demain aux jeunes généralistes ? À suivre !
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