Le Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) est-il en train de siffler la fin de la récréation ? L'institution a en tout cas décidé de hausser le ton sur la question des protocoles de recherche ou de traitement qui s'inscrivent potentiellement « en dehors de la législation en vigueur ». Avec une triple action : le rappel ferme des règles de déontologie, l'information de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) si nécessaire et la poursuite des praticiens concernés qui sortent des clous, explique-t-il ce jeudi.
Dans la profession, de plus en plus de voix réclamaient un recadrage de l'Ordre, garant de la déontologie médicale. Avec l'épidémie surgissent « de nouveaux traitements parfois présentés comme miraculeux, ne reposant le plus souvent sur aucune base clinique fiable », a alerté il y a deux jours le collectif Fakemed, dénonçant certains « protocoles sauvages (...) que ce soit avec des antibiotiques, du zinc, de la chloroquine, de l'héparine, de la vitamine C (...) voire du soda aux extraits de quinquina ». Des pratiques parfois fortement médiatisées qui ont conduit l'Ordre à sortir de sa réserve.
Des praticiens sommés de s'expliquer
Joint ce jeudi par « Le Quotidien », le Dr Patrick Bouet, président du CNOM, lui-même médecin généraliste, annonce avoir saisi par courrier les conseils départementaux de l'Ordre contre les agissements d’une vingtaine de praticiens afin de recueillir leurs explications. « Nous avons identifié ces médecins qui se sont exprimés dans la presse en parlant des traitements X ou Y. Ils vont devoir s’expliquer sur leurs affirmations devant l’institution ordinale », confie le Dr Bouet. À la suite de ces entretiens, les conseils départementaux informeront le Conseil national des suites qu'ils donneront.
Le Pr Didier Raoult, aux méthodes controversées, ou encore les trois généralistes ayant annoncé dans « Le Parisien » avoir trouvé un possible remède à base d’azithromycine, figurent-ils parmi ces médecins visés ? Le CNOM refuse à ce stade de donner des précisions.
Jusqu'à la suspension ?
Mais le président de l'Ordre prévient. « Si l’Ordre départemental estime qu’il y a un manquement à la déontologie, il saisira la juridiction disciplinaire indépendante qui décidera de sanctionner si cela doit être fait », assure le Dr Bouet, bien déterminé à agir pour que « ceux qui ont pris des libertés avec la déontologie aient à en répondre ».
Dans un communiqué publié ce jeudi, l'Ordre national va encore plus loin dans la mise en garde. « La mise en danger des patients, s’il apparaissait qu’elle puisse être provoquée par des traitements non validés scientifiquement, pourrait justifier dans ces circonstances la saisine du directeur général de l’ARS pour demander une suspension immédiate de l’activité de ces médecins », assure le CNOM.
Évoquant enfin le recueil du consentement des patients soumis à un protocole de recherche clinique et les règles de la prescription hors AMM, qui doivent faire l'objet d'une application très stricte, l’Ordre sera « très vigilant sur les dérives ».
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