Qu’on se le tienne pour dit, les médecins-conseils de l’Assurance-maladie ne sont pas les contrôleurs administratifs froids qu’on dépeint trop souvent. Plus de soixante ans après la création de ce statut, cette image colle pourtant encore à la peau des quelque 1 400 praticiens du service médical de la CNAM.
Plus de concours d’entrée depuis 2018
Présents dans chaque chef-lieu de département, les médecins-conseils inscrivent leur action dans le cadre de la stratégie nationale de santé et du plan de maîtrise médicalisée des dépenses, en ville comme à l’hôpital. En lien à la fois avec les professionnels de santé et les assurés, leur rôle consiste à mobiliser et contrôler le bon déroulement du parcours de soins. Ils contribuent à une meilleure pertinence sanitaire et économique des prises en charge : le juste soin au juste coût pour la collectivité. En outre, ils jouent un rôle primordial dans la promotion des politiques de prévention et d’innovation dans les territoires et contrôlent les éventuelles actions contentieuses conventionnelles ou ordinales.
Pour intégrer ce corps de métier, seul le titre de docteur en médecine suffit. Depuis 2018, le concours d’entrée a laissé place à un mode de recrutement plus souple assuré par un jury sur candidature des médecins. Une formation à la fois théorique et pratique est dispensée une fois le recrutement effectué. Elle intègre des enseignements sur la stratégie du service médical ainsi que sur la réglementation et les outils en vigueur. Côté rémunération, le salaire s’échelonne entre 59 000 et 74 000 euros brut annuels selon l’expérience professionnelle. À ce jour, la moyenne d’âge des médecins-conseils est de 47 ans.
Idées reçues
Cependant, ce mode d’exercice pâtit encore d’un certain manque de notoriété et de nombreux postes sont à pourvoir. Passionné par son métier, le Dr Isabelle Guichard veut battre en brèche les idées reçues. « Nous ne sommes pas des administratifs ! », clame haut et fort celle qui est médecin-conseil dans les Bouches-du-Rhône depuis 2014.
Après 11 ans passés en cabinet libéral, elle ne regrette rien et vante la « diversité des actions et des missions » qui ponctuent désormais son quotidien. Dans son Unité spécialisée d’accompagnement (USA) basée à Nîmes, le Dr Isabelle Guichard est actuellement en charge de deux campagnes d’information auprès des professionnels de santé autour de la Metformine et des antibiotiques. En parallèle, elle travaille avec plusieurs établissements de santé pour leur proposer des pistes d’amélioration, par exemple sur la prescription de transports ou le développement de la chirurgie ambulatoire. Une autre de ses missions consiste à accompagner les nouveaux installés en libéral. Enfin, crise sanitaire oblige, une part importante de son activité est depuis deux ans orientée vers le contact tracing.
Connaissances médicales étendues
« Le métier ne se limite pas à des tâches de contrôle mais permet également d’accompagner les professionnels de santé libéraux et les établissements à évoluer dans leurs pratiques vers une meilleure pertinence des soins. Il y a une évolutivité des missions que je trouve très séduisante », tient à souligner la praticienne de 50 ans.
Des possibilités d’évolution en interne sont offertes aux médecins qui exercent depuis au moins deux ans pour la CNAM. C’est ainsi qu’en 2018 le Dr Olivier Bernard est devenu chef de service sur le secteur Lille-Douai. En lien avec les CPAM, son travail est beaucoup plus décisionnel. C’est son goût pour « animer une équipe autour d’une vision stratégique » qui a conduit le généraliste de 57 ans à cette responsabilité.
Bien que le patient reste au cœur de ses préoccupations, le Dr Olivier Bernard reconnaît en revanche n’en « recevoir personnellement plus beaucoup ». À l’inverse, la clinique garde une place très importante dans l’activité de sa consœur nîmoise. « On n’a pas un rôle de soignant, mais on rend des avis qui ne sont pertinents qu’avec un examen des patients », insiste-t-elle. Pour devenir médecin-conseil, « il faut impérativement disposer de connaissances médicales étendues », martèle le Dr Isabelle Guichard
Exergue : La moyenne d’âge des titulaires est de 47 ans. Dans cette profession, de nombreux postes restent à pourvoir
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique