La Creuse serait-elle devenue « the place toubib » ? Derrière le calembour amusant se cache une idée originale portée par la Mutualité française limousine pour attirer des médecins dans le département. Celle-ci a signé cet été une convention avec la communauté de communes Creuse Confluence visant à la création d’un centre de santé… au sein d’une maison de santé.
L’idée est venue directement du terrain. « Ce sont les médecins libéraux de la maison de santé pluriprofessionnelle de Boussac qui nous ont sollicités », explique Damien Salgues, directeur du pôle soins de premier recours à la Mutualité française limousine. Car si l’état de la démographie médicale n’est pas dramatique dans la petite commune d’environ 1 300 habitants, les généralistes craignent la pénurie à venir. « Sur les cinq praticiens installés actuellement dans la MSP, deux devraient partir à la retraite dans les quatre ou cinq prochaines années », indique Damien Salgues. Et le jeune homme de poursuivre, « ils ont l’habitude d’accueillir des stagiaires, ce sont eux qui ont suggéré le salariat pour attirer des jeunes médecins ».
Après discussion avec les élus locaux, la Mutualité et la communauté de communes se sont mis d’accord sur un partenariat plus large afin de couvrir un territoire plus grand. L’idée est simple : les médecins salariés recrutés au sein du centre de santé de Boussac devront exercer à mi-temps dans quatre antennes (à Evaux-les-Bains, Chambon-sur-Voueize, Jarnages et Gouzon), toutes situées dans un périmètre d’environ 30 kilomètres autour de leur futur cabinet.
5 000 euros net par mois
Si la majorité des libéraux des maisons de santé locales ont accueilli favorablement le projet, quelques-uns renâclent. « Peut-être la peur de la concurrence », s’interroge Damien Salgues qui se veut rassurant : « nous n’avons pas la volonté de nous imposer ». Au contraire, la Mutualité veut encourager la mixité des statuts. « Nous sommes prêts à accueillir par exemple un médecin coordonnateur d’EHPAD qui voudrait exercer à mi-temps dans notre centre de santé », suggère-t-il. Le mot d’ordre ? « Venez et choisissez ! »
Le projet cherche aussi à développer la coopération entre les médecins libéraux et salariés qui partageront les mêmes murs. « On se dépanne, on se parle pour les congés, on s’organise ensemble en faisant fi des statuts », résume Damien Salgues. À plus long terme, la Mutualité aimerait réfléchir avec les éditeurs de logiciels pour rendre compatibles les outils des différents praticiens afin de faciliter l’échange d’informations sur les patients.
La Mutualité espère pouvoir recruter trois médecins dans la structure, dont deux avant la fin de l’année. La rémunération proposée est variable puisqu’elle devrait être basée sur un pourcentage de l’activité du praticien. Damien Salgues estime à « 5 000 euros net environ » le salaire mensuel que devraient toucher les médecins qui s'engageront. Ceux-ci bénéficieront qui plus est de plusieurs avantages : congés payés, tickets-restaurants, aide pour trouver un logement, accompagnement du conjoint…
Pour couronner le tout, une campagne de communication basée sur le slogan « The place toubib » a été diffusée sur internet afin de valoriser « valoriser un territoire qui n’attire plus et mettre en avant les infrastructures ».
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