La ministre de la Santé et l'Assurance-maladie ont contesté, jeudi 30 juin, les conclusions du rapport d'UFC-Que choisir consacré à l'accès aux médecins libéraux et aux dépassements d'honoraires.
Publiée le 29 juin, l'enquête de l'association de consommateurs, pointe du doigt l'échec des mesures politiques conduisant à l'aggravation de la fracture sanitaire en France et les délais pouvant s'allonger pour avoir un rendez-vous chez un généraliste, un gynécologue, pédiatre ou ophtalmologiste.
Selon les résultats de cette enquête, environ 14 millions de Français (23 % de la population) auraient des difficultés à consulter un généraliste à moins de 30 minutes de leur commune. L'accès aux spécialistes serait également préoccupant. Il est difficile dans 28 % des cas de recourir aux ophtalmologistes, dans 30 % des cas d'être reçue par un gynécologue, et dans 33 % des situations de consulter un pédiatre.
La ministre de la Santé a dénoncé les biais de l'étude et les « contrevérités absolues » de l'association de consommateurs. « Le nombre de médecins a augmenté et ceux exerçant dans les centres de santé n'ont pas été pris en compte », a notamment critiqué Marisol Touraine.
Dépassements d'honoraires en baisse
La CNAM a de son côté contesté l'analyse de l'UFC-Que choisir, qui observe que le volume global des dépassements d'honoraires augmente. « Cette approche n'est pas celle qui reflète le mieux la réalité des restes à charge pour les patients, analyse l'Assurance-maladie. Celle-ci ne mesure pas la dépense supportée in fine par l'assuré. »
Le taux de dépassement moyen a en réalité baissé chez les médecins de secteur II. « Il est ainsi passé, pour l'ensemble des médecins de secteur II, de 55,4 % en 2012 à 54,1 % en 2014 et à 53,3 % à fin 2015 », précise-t-elle. Parallèlement, la part des actes pratiqués au tarif opposable dans le secteur II s'est aussi améliorée, passant de 32,9 % en 2012 à 36,2 % fin 2015.
La CNAM a également mis en cause les chiffres avancés par l'association sur les compléments d'honoraires par spécialité. Entre 2012 et 2015, le taux moyen des dépassements a diminué au sein des trois spécialités étudiées par l'association (de 69,3 % à 62,7 % chez les pédiatres, de 60,5 % à 57,2 % pour les ophtalmologistes et de 80,8 % à 74,8 % chez les gynécologues).
Enfin, selon la caisse, il « conviendrait de rapporter l'évolution des dépassements observés à ce qu'elle aurait été spontanément, si la tendance historique s'était poursuivie », explique-t-elle : « 385 millions d'euros de dépassements ont été évités par rapport au tendanciel des années précédentes (...) ce qui est très supérieur aux 59 millions d'euros avancés par l'UFC », réplique-t-elle.
L'Assurance-maladie estime que les « résultats obtenus au cours des trois dernières années (grâce au contrat d'accès aux soins, notamment, NDLR) constituent une rupture incontestable par rapport à l'évolution observée sur la longue période ».
Des « solutions caricaturales » pour la CSMF
La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a de son côté dénoncé jeudi « les solutions caricaturales de l'UFC-Que choisir », qui propose la fermeture du secteur II et le conventionnement sélectif (une arrivée pour un départ dans une zone surdotée).
« Le contrat d'accès aux soins est un dispositif à revisiter et à améliorer, mais qui a permis une diminution des compléments d'honoraires », rappelle le syndicat. Le manque de médecins est au contraire « le résultat d'un manque d'attractivité du statut de médecin libéral et ce ne sont pas des contraintes supplémentaires, telles que le conventionnement sélectif qui favorisera l'engagement des jeunes générations », conclut la confédération.
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