Pour les étudiants, le prétexte de l'humour carabin ne peut pas excuser les dérives et le dénigrement. « Le respect est la base d'une relation saine avec les patients et de tels propos peuvent entraîner une défiance légitime », ajoute Romain Levesy, 1er vice-président de l'ANEMF. 

D'autres étudiants ou patients ont partagé leur dégoût.

 

Une à deux expulsions de médecin par trimestre

Contactée par « le Quotidien », l'une des fondatrices, le Dr Elsa Fayad, affirme que de tels dérapages concernent une poignée d'individus, « parfois occasionnellement et parfois de façon répétée ». « Les motifs étaient principalement politiques ou religieux, suivant globalement les polémiques secouant le pays et tournant parfois à la “foire d'empoigne”, ce qui n'est pas l'esprit que nous souhaitons pour le groupe », assure-t-elle. 

Elle reconnaît quelques « rares cas » de non-anonymisation des cas cliniques, rapidement « signalés et corrigés ». Même constat pour les propos sexistes, homophobes ou grossophobes pointés par « L'Obs ». Le Dr Fayad souligne qu'un à deux « signalements » en moyenne sont effectués chaque semaine et qu'« un à deux membres sont expulsés du divan par trimestre ». Pour elle encore, ces incidents « isolés » discréditent et déshonorent cette communauté médicale « animée, par un esprit de partage, d'entraide et de confraternité, parfois aussi de détente et non pas sur le dos des patients ».

Du doc bashing pour les « divanais »

Plusieurs membres témoignent à cet égard leur soutien au « divan », à l'image de ce gastroentérologue qui raconte sur Twitter certains bienfaits de cette communauté.

Un autre membre, le Dr C. raconte au « Quotidien » le mauvais procès fait au groupe. « Il y a eu des dérapages, très restreints. Mais dire que 11 000 médecins se moquent des patients ce n'est pas vrai. 99 % des posts sont des questions, ou des moments du quotidien qu'on partage entre confrères. » Ce praticien poursuit : « Oui il y a des challenges et de « l'humour carabin mais on sent bien plus la bienveillance. Le groupe nous permet aussi de créer du réseau et d'avoir de l'aide au diagnostic. »

Analyse juridique de l'Ordre

Également joint, l'Ordre national des médecins assure n'avoir reçu aucun signalement concernant le groupe. Pour autant, l'affaire n'est pas classée. Le « Divan » fera l'objet « d'une analyse juridique complète afin de déterminer des procédures qui peuvent être envisagées », annonce le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président de l'Ordre.

Le leader ordinal condamne déjà certains propos jugés « effarants ». « Qu’il s’agisse d’un groupe privé ne change rien dans la mesure où la diffusion est massive, alerte-t-il. Quant à la question de l’humour carabin, s’il y a pu avoir un temps une certaine tolérance, elle n’a plus lieu d’être dans le contexte actuel. »