Les médecins libéraux accusant une perte de leur activité liée à la crise sanitaire du Covid-19 bénéficieront d'un « accompagnement financier » déployé par l'Assurance-maladie dans les derniers jours d'avril et les premiers jours de mai, a annoncé Nicolas Revel, DG de la CNAM, lors d'une audition organisée ce mercredi en visioconférence par le Sénat sur la gestion de la crise du Covid-19.
Le gouvernement avait indiqué en début de semaine son intention de légiférer par ordonnance pour atténuer la perte de revenus des libéraux de santé. Nicolas Revel a été chargé de mener des « concertations » avec chaque profession de santé conventionnée (dont les médecins) puis d'émettre des propositions au gouvernement.
À ce stade, les concertations sur l'accompagnement financier en question sont toujours en cours. Mais le calendrier se précise et il est serré. « Nous devrions déclencher un premier versement fin avril ou début mai au moins pour la période des six premières semaines » du confinement, précise le patron de la CNAM. Il a affirmé que le coût de ce dispositif sera « important », sans en détailler le montant.
-40 % d'activité chez les généralistes, -50% ches les spés
La médecine de ville a rapidement alerté sur la chute d'activité liée à l'épidémie et au confinement. Rendez-vous reportés ou annulés, déprogrammations, patients qui refusent de consulter, y compris pour des suivis de traitements chroniques... Les spécialistes libéraux ont tiré la sonnette d'alarme, estimant la baisse d'activité jusqu'à 80 % dans certaines disciplines, tandis que MG France évaluait cette diminution à 50 % chez les généralistes.
Nicolas Revel a confirmé ce mercredi le très net repli d'activité en médecine libérale. « Sur les trois dernières semaines, les médecins généralistes enregistrent une baisse de leur activité de 40 %, les spécialistes de 50 % », a-t-il comptabilisé de son côté.
Il constate ainsi le « freinage » significatif des dépenses en médecine de ville « de l'ordre de 350 millions d'euros par semaine », ce malgré une « hausse significative des indemnités journalières de l'ordre de 185 millions par semaine en plus », liée aux nouvelles procédures « dérogatoires » (garde d'enfants, pathologies chroniques). Par contraste, cela signifie un demi-milliard de dépenses en moins chaque semaine sur les actes médicaux et paramédicaux!
Couvrir les charges mais pas sauver le CA
Mais attention: le dispositif de soutien financier qui se profile « n'est pas un maintien du chiffre d'affaires mais bien un accompagnement de la perte d'activité », recadre Nicolas Revel. Il permettra de couvrir certaines charges parmi lesquelles le « loyer, l'emprunt, les charges sociales et fiscales ».
Ce dispositif devrait s'articuler avec les aides déjà prévues dans le cadre du chômage partiel (pour les cabinets ayant des salariés) et du fonds de solidarité. Ce dernier ouvre la voie pour les libéraux, en cas de forte baisse du chiffre d'affaires, à une prime de 1 500 euros à condition d'avoir un chiffre d’affaires de moins d’un million d’euros et un bénéfice imposable inférieur à 60 000 euros. Ce qui, selon les syndicats, devrait limiter fortement sa portée pour les médecins...
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