La fièvre va-t-elle retomber, à Chartres, après une réunion de crise organisée début janvier entre le préfet d'Eure-et-Loir, l’ARS, la CPAM et des médecins du secteur ?
Fin décembre, dans un contexte de triple épidémie de bronchiolite, grippe et Covid – et de mouvement de fermeture des cabinets – le préfet avait décidé, pour le week-end de la Saint Sylvestre, de réquisitionner les généralistes de la maison médicale de garde… ayant pourtant exercé leur droit de retrait pour des raisons de sécurité. Une initiative qui a provoqué un très vif émoi localement et le soutien de plusieurs syndicats médicaux.
Foudre
Une dizaine de généralistes libéraux de la MMG avaient ainsi fait valoir leur droit de retrait, vendredi 30 décembre, en raison d'une insécurité grandissante au sein de cette structure libérale. Dans ce contexte, les réquisitions ont provoqué une vague de réactions indignées.
« Les médecins de cette MMG sont les paratonnerres qui prennent la foudre d'une politique sanitaire totalement hors de logique et hors de liens avec l'exercice libéral », dénonce l'UFML. « Dans n’importe quelle autre profession, les personnes agressées auraient bénéficié de la mise en place d’une cellule psychologique, nous constatons que, sous prétexte que ce sont des médecins, c’est "marche ou crève " », se désole le SML. « Carton rouge à l'ARS et au préfet du 28 ! », a taclé aussi la CSMF.
La crise couvait depuis des semaines. Le conseil départemental de l'Ordre avait alerté sur la situation « invraisemblable » de cette maison médicale de garde : agressions verbales et physiques des patients envers les médecins – certains devant se faire escorter par la sécurité de l'hôpital – salle d'attente devenue un théâtre d'affrontements, absence de régulation en amont malgré les nombreuses demandes « illégitimes » de patients, etc. Le président de l'Ordre départemental avait évoqué « une surcharge de consultations » dépassant quotidiennement 30 actes à effectuer en quatre heures.
Pas plus de six consultations par heure
Lundi 2 janvier, une centaine de médecins libéraux et soignants se sont rassemblés, devant la préfecture, pour exprimer leur ras-le-bol. L'ARS a évoqué plusieurs mesures pour sécuriser la maison médicale de garde comme un dispositif d’appel d’urgence façon « bouton d’alarme » pour les praticiens, la limitation du nombre de patients à 20 ou 25 ou le recours d’une infirmière d’accueil et d’orientation pour réguler les entrées. L’objectif est de permettre aux médecins de ne pas excéder six consultations par heure.
Pour la Dr Véronique Fauchier, vice-présidente de l'Association départementale pour l'organisation de la PDS des médecins libéraux (Adops 28), « ces annonces constituent un premier pas dans le sens des demandes des médecins ». « Cette MMG est seule à fonctionner pour couvrir un vaste secteur de plus de 200 000 habitants, raconte-t-elle. Alors que son accès devait se faire après régulation, 90 % des patients qui s'y présentent le font sans régulation. Avec l'aggravation de la pénurie médicale, la situation est catastrophique. Quand on explique qu'on ne fait pas de renouvellement de la pilule ou des dossiers administratifs, les patients deviennent agressifs ». D'où la piste d'un renforcement « indispensable » de la régulation libérale. « Cela pourrait passer par une régulation déportée », dit-elle.
D'autres réunions sont prévues avec toutes les parties. Mais le problème reste entier. « Les demandes de retrait continuent à arriver à l'association, avertit la Dr Fauchier. Les médecins estiment qu'ils ne sont pas en sécurité pour délivrer des soins dans de bonnes conditions ».
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique