Alors que la sortie du confinement se profile, MG France a précisé ce mercredi 6 mai les conditions de réussite de ce tournant de la crise sanitaire, pour lequel le gouvernement mise gros sur les médecins généralistes.
Pour le syndicat, qui revendique un rôle central des généralistes dans la stratégie de déconfinement, cela ne pourra pas se faire sans « intensifier les mesures barrières » avec le port du masque dans la population et dans les cabinets de généralistes, pour les patients et les médecins.
« Idéalement, on ne devrait pas prendre de patients sans masque, mais dans la pratique nous ne pouvons bien évidemment pas le faire. Il faut donc donner des masques à ceux qui n'en ont pas, et en avoir suffisamment à disposition. Pour les patients testés positifs, nous pourrons faire une ordonnance de masques », précise le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat. À partir du 7 mai, les généralistes disposeront de 24 masques par semaine, a indiqué hier soir la direction générale de la santé (DGS), mais ces derniers ne seront pas forcément des masques FFP2.
Outre les gestes barrières, le généraliste devra être « très vigilant » en détectant et diagnostiquant rapidement les cas de Covid-19, ainsi que les cas contacts, afin de mettre un terme à la circulation du virus. « Comme pour un incendie, il faudra circonscrire les foyers autant que possible, indique le Dr Battistoni. Pour cela, il faut un message collectif clair des autorités, qui ont souvent manqué de clarté depuis le début. Si j'ai des symptômes, en me faisant détecter rapidement, je protège ma famille, mon entourage proche (amis, collègues) et lointain (voisins, habitants du quartier). »
Une fois le diagnostic clinique Covid posé, le généraliste prescrit des examens biologiques (RT PCR), avec la possibilité demandée par MG France de pouvoir faire un second test PCR de confirmation, pour écarter tout faux négatif. Le syndicat espère que tous les généralistes auront la liste des centres de prélèvement pouvant réaliser ce test dès le début du déconfinement, avec les horaires d'ouverture.
Un cas toutes les deux semaines
Après confirmation du test, le syndicat estime que le patient doit être revu lors d'une seconde consultation, d'annonce cette fois-ci, qui pourra être cotée 55 euros dès le 11 mai (comme les autres consultations complexes d'annonce pour un cancer et une infection au HIV).
« C'est un temps plus long et cela permettra d'organiser le suivi du patient, mais aussi de lui indiquer comment gérer la maladie, éventuellement de s'isoler. Cela nécessite de parler avec lui dans un climat de confiance, de l'interroger longuement et d'évaluer quelles personnes de son entourage, bien souvent connues du médecin, doivent se voir proposer un examen de dépistage », argumente le président de MG France.
Le syndicat, en se fondant sur les chiffres de Santé Publique France, estime que cela devrait représenter grosso modo un cas toutes les deux semaines, en partant d'une moyenne de 3 000 cas nouveaux de Covid par jour, soit 21 000 par semaine, rapportés au nombre de médecins généralistes en exercice.
Les généralistes pourront ensuite signaler sur le portail amelipro les cas positifs et s'ils le souhaitent, l'enquête menée dans l'entourage des patients, avant de passer le relais à l'assurance-maladie. Sur ce dernier point, MG France considère que cela ne portera pas plus atteinte au secret médical qu'un arrêt de travail, ou le signalement d'une affection longue durée (ALD) aux services médicaux de la CNAM en temps normal.
« Nous sommes condamnés à réussir cette sortie de confinement. Il y a un intérêt majeur à le faire, pour la santé de tous mais aussi la santé économique du pays. Je ne doute pas que les généralistes relèveront ce défi », assure le Dr Battistoni.
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