Tags sur le cabinet, insultes de patients, jet d’œufs, intrusion… Le Dr Thierry Hégo subit tant bien que mal l’incivilité croissante d’une partie de la population de Malo-les-Bains, dans la banlieue de Dunkerque (Nord).
Vendredi 25 août, le généraliste voit rouge. Victime d’une agression physique par l’un de ses patients, qu’il suivait depuis de nombreuses années, il porte plainte. Le jeune homme, qui avait consulté trois jours plus tôt pour une blessure au pied, l’a frappé au thorax avec une béquille et lui a craché au visage dans son cabinet, devant une autre patiente.
« Je ne voulais pas laisser passer cette nouvelle agression, confie au “Quotidien” le praticien, très remonté. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. C’est la deuxième fois en un mois que je suis pris à partie. J’en ai ras le bol ! »
Le patient avait préalablement insulté par téléphone sa secrétaire (qui est également l'épouse du praticien), en réclamant une ordonnance pour une prise de sang, sans plus d’explication. Après cette altercation, le Dr Hégo rappelle son patient. « Je lui ai dit qu’il n’avait pas le droit de nous insulter et que je ferai une fiche de signalement auprès de l’Ordre des médecins ». Quinze minutes plus tard, le patient fait irruption au cabinet avec l’intention d’en découdre. Le médecin parvient non sans difficultés à l’expulser sous le regard ébahi d’une patiente, choquée par la scène, puis il prévient la police et porte plainte.
L'agression d'un confrère à quelques kilomètres de son cabinet
Au cours des dernières années, le généraliste de 53 ans a constaté une dégradation des relations avec les habitants du quartier et certains patients. L’agression (très médiatisée) en avril dernier de son confrère, le Dr Pierre Goidin, dont le cabinet est situé à quelques kilomètres du sien, lui a fait prendre conscience de la gravité de la situation.
« Le manque de respect envers notre profession, on le vit au quotidien, même si nous ne sommes pas tous confrontés aux violences subies par le Dr Goidin. Si j’ai porté plainte et que j'ai alerté la presse locale [un article est paru dans “Le Phare Dunkerquois”, NDLR] , c’est aussi pour dénoncer cette situation, pour que cela se sache », explique le Dr Hégo.
Pour sécuriser davantage son cabinet, le généraliste envisage d’installer un interphone voir un système de caméra pour contrôler les allées et venues. « Si je venais à subir une nouvelle agression ? J’envisagerai très sérieusement à partir, même si j’ai des attaches dans ce quartier où j’exerce depuis près de 25 ans, raconte le généraliste. C’est regrettable car on manque de médecins dans la région. Mais je ne veux plus exercer dans ces conditions. »
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