Le gouvernement n'est pas le seul à se retrousser les manches face à la désertification : la Mutualité française Grand-Est vient d'annoncer le lancement d'une campagne d’information sur ce thème. La région n'est pas épargnée dans les départements des Vosges, du Bas-Rhin, de la Meuse, de la Haute-Marne, de l’Aube et des Ardennes.
La Mutualité souligne les contrastes majeurs entre des villes surdotées comme Strasbourg ou Nancy et ces départements en souffrance. Avec un film et un site Internet (www.desertsmedicaux.fr), des articles dans les médias et des débats, la Mutualité « tend le micro » aux patients et aux professionnels. « Les déserts médicaux ne sont pas que géographiques », précise François Kusswieder, vice-président de la Mutualité Grand-Est, qui dénonce les « déserts financiers » dans lesquels on ne trouve plus aucun médecin aux tarifs opposables.
En zone rurale, la télémédecine constitue une réponse possible. Jacques Behra, maire d’Oberbruck, village du sud de l’Alsace, a cherché un médecin pendant trois ans avant de se tourner vers la télémédecine. Aujourd’hui, l’ancien cabinet est ouvert quatre heures par jour ; un infirmier y accueille les patients vus à distance par des généralistes ou des spécialistes. Le programme est soutenu par l’ARS mais le nombre de patients étant faible, il génère des coûts élevés.
Si les représentants mutualistes plébiscitent les maisons de santé, qui fleurissent dans la région, ils en constatent aussi les limites De nombreuses MSP ont été créées mais sont vides faute de médecins. Il faut une dynamique et un projet médical construit. De même, les aides dans les zones sous dotées ne font pas de miracle : « les médecins ne veulent pas d’argent, mais de bonnes conditions de vie et de travail », ont constaté plusieurs intervenants, lors de la présentation de cette campagne.
Quels leviers utiliser ? La Mutualité ne recommande pas de mesures coercitives… mais plusieurs de ses partenaires n'hésitent pas. Jean-Michel Meyer, représentant alsacien de France Assos Santé, plaide pour une répartition administrative des médecins « comparable à celle qui régit les pharmaciens ». Le président du régime local d’Alsace-Moselle, Daniel Lorthiois, juge qu’il est temps de « poser la question du lien entre installation et conventionnement ».
Le Dr Pierre Sengler, qui achève sa thèse de médecine générale sur la démographie médicale en Alsace Bossue, zone rurale enclavée, ne croit guère aux effets du desserrement du numerus clausus « qui augmentera le nombre de médecins, mais pas forcément d’installés ». « Je suis passionné par mes remplacements à la campagne, mais je subis déjà trop de contraintes administratives alors même je ne suis pas encore installé ». « Le libéral, c’est compliqué... », regrette-t-il.
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