LE QUOTIDIEN : Quels sont les objectifs du SML dans les deux collèges ?
Dr PHILIPPE VERMESCH : Notre objectif est d'obtenir le meilleur score possible, forcément. On fera ce qu'il faut pour y arriver, mais ce n'est pas gagné d'avance. Ces élections sont compliquées avec ce premier vote par voie électronique. Je ne fais pas de projections, nous prendrons ce qu'il y a à prendre ! Nous sommes aussi dans l'expectative des résultats des nouveaux venus – l'UFML et Avenir Spé. J'estime que la démarche de ce dernier n'est pas bonne du tout pour les spécialistes : avoir un syndicat monocatégoriel fait courir le risque d'être mis de côté, alors que le gouvernement s'oriente déjà beaucoup plus sur les généralistes…
Y a-t-il un enjeu sur le rôle des URPS ?
Oui. Les URPS sont les interlocuteurs libéraux des agences régionales de santé (ARS), c'est inscrit dans la loi. Or, on se rend compte aujourd'hui que les ARS sont tentées d'aller directement vers les nouvelles CPTS [communautés professionnelles territoriales de santé], même si certaines sont des coquilles vides, sans passer par les Unions. Il faut que l'URPS reprenne son rôle d'organisation libérale du territoire.
Par ailleurs, certaines Unions ont fait l'apogée des CPTS alors que la plupart des médecins libéraux ne se retrouvent pas dans ce mode figé d'organisation ! C'est une erreur stratégique car il aurait fallu mettre en avant d'autres modèles, comme les équipes de soins ouvertes. Les URPS ne doivent pas se fixer uniquement sur les CPTS.
Quels sont les priorités ?
Notre programme s'articule autour de cinq axes : revaloriser les actes médicaux, restaurer le pouvoir du médecin, le rendre leader de son territoire, réhabiliter son métier et le protéger face à l'insécurité.
Pour les honoraires, nous réclamons la consultation de base à 45 euros, moyenne européenne, le paiement à l'acte prédominant – 80 % de la rémunération –, la préservation du secteur II et le développement d'espaces de liberté tarifaire pour tous. La défense de la valeur de l’acte est la mère des batailles. Et nous excluons tout paiement partagé avec les hospitaliers. Une simplification de la nomenclature, de l'accès au forfait structure et une révision des ROSP [rémunération sur objectifs de santé publique] sont nécessaires. Cette simplification doit se faire aussi au niveau des consultations de prévention, qu'il faut mieux cibler.
Dans les territoires, nous défendons les équipes de soins ouvertes et libres, nommées par le patient. La caisse aurait le traçage de ces équipes et paierait sur un forfait à la fin de l'année, sans contrat à signer ou nécessité de passer devant l'ARS ou la caisse.
Côté métiers, le démantèlement des compétences, ça suffit ! Tout transfert de tâches non consenti devra être bloqué par tous les moyens. Il faut aussi freiner l'émancipation des professions non médicales. Quant au numérique, il doit être au service du médecin, et pas l'inverse : la télémédecine mais sans l'ubérisation.
Pourquoi voter pour le SML ?
Nous avons un avantage par rapport aux autres, nous sommes agiles ! Nous sommes un syndicat polycatégoriel mais pas une confédération. Notre conseil d'administration se réunit à moitié avec des généralistes, moitié avec des spécialistes. Quand il y a des problèmes, on se parle et cela se règle vite. Nous avons inventé et porté beaucoup de concepts repris par d'autres : l'entreprise médicale libérale, le médecin volant, la succession active, le compagnonnage, etc. Enfin, le SML est 100 % libéral et défend l'acte avant tout. La profession ne doit plus être gérée comme le monde agricole – d'un côté on plafonne les tarifs, de l'autre on subventionne !
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