LES 24 MÉDECINS blogueurs du groupe « PrivésDeDéserts » en avaient rêvé (1), les voilà exaucés !
La première maison de santé pluriprofessionnelle et universitaire de France est inaugurée aujourd’hui même à Coulommiers (77). Née de l’imagination et de la ténacité de deux médecins généralistes, les Drs Jean-Yves Philippe et Christian Clément, cette structure se veut à la fois lieu de soins et de formation initiale pour les étudiants, beaucoup plus proche de l’exercice de la médecine générale que ne l’est un CHU.
L’établissement, hébergé dans des locaux appartenant au CH de Coulommiers, abrite sur 270 mètre carrés cinq cabinets de consultation, un secrétariat, une salle de réunions et d’éducation thérapeutique, ainsi qu’un pôle d’accueil disposant de deux petits box additionnels de consultation, d’une salle d’attente et de trois cabinets infirmiers. Elle accueille six médecins généralistes (dont deux maîtres de stage), un enseignant-chercheur, trois infirmiers, et un secrétariat. Deux internes en médecine générale de l’Université de Paris-Est-Créteil (UPEC) y sont en permanence accueillis, et un poste de chef de clinique devrait y être prochainement créé.
Offre de soins fragile.
Le Dr Christian Clément, maître de stage à l’UPEC, se souvient qu’au début des réflexions sur la mise en place de cette structure, il n’était question que de créer une maison de santé pluridisciplinaire (MSP) classique pour pallier la faiblesse de l’offre de soins. Mais grâce à son activité de maître de stage, le projet s’est élargi à la recherche et l’enseignement. « Ce qui a fondé notre décision, poursuit-il, c’est que si on veut attirer les jeunes dans ces structures, il faut qu’ils puissent y aller dès l’enseignement ».
Pari gagné, semble-t-il. Depuis son ouverture le 2 mai, cette maison, devenu symbole d’une nouvelle forme d’exercice en lien direct avec la faculté, accueille deux internes en médecine générale. Ils y disposent d’un enseignant référent, commencent par assister aux consultations médicales, puis consultent eux-mêmes par la suite.
ARS, hôpital et mairie dans le projet.
Côté financement, chacun a mis la main à la poche. L’ARS a débloqué 50 000 euros provenant du fonds d’intervention pour la qualité et la coordination des soins (FIQCS). « Ça nous a permis de nous équiper en matériel », se souvient le Dr Clément. Les bâtiments ont été rénovés par le centre hospitalier qui les loue aux professionnels de santé. Quant à la mairie, elle a financé une étude préalable réalisée par un cabinet d’audit, et a construit des places de parking.
Mais comme toute structure de ce type, la maison de santé doit faire face à des frais de fonctionnement supplémentaires, comme le secrétariat. Un demi-poste a été créé, dont le coût est supporté par l’équipe soignante.
Un petit CHU dans les territoires.
Le Pr Claude Attali, directeur du département de médecine générale à l’UPEC, collabore à cette structure à travers un projet de recherche sur l’éducation thérapeutique. Il estime que cette maison de santé d’un nouveau genre participe au décloisonnement entre la ville et l’hôpital : « Elle les associe autour de la nécessité de procéder à des soins de premier recours et d’assurer les besoins de formation », précise-t-il au « Quotidien ». S’il juge que cette initiative a permis de juguler en partie les problèmes de démographie médicale de la ville, il est en revanche plus mesuré sur son caractère reproductible : « cela suppose des choix politiques clairs, une implication accrue des ARS, et des présidents et des doyens éclairés ».
Du côté du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), on salue cette initiative. Le Pr Vincent Renard, président du collège, affirme que cette maison de santé répond à l’enjeu de « créer des lieux universitaires structurés ambulatoires de soins et de formation permettant l’ouverture de l’université sur les territoires en dehors des structures hospitalières ».
(1) Les médecins blogueurs préconisaient la création de 1 000 maisons universitaires de santé (MUST)
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