Qualité et sécurité des soins

La montée de la « bientraitance »

Publié le 21/10/2010
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DE NOTRE CORRESPONDANTE

CE NÉOLOGISME de « bientraitance » dérange, mais force est de constater qu’il monte en puissance. Ces dernières années, plusieurs rapports ont mis l’accent la maltraitance dans les établissements de soins, dont celui publié par la Haute Autorité de santé (HAS) en 2010, sur la base d’une étude de Claire Compagnon et Véronique Ghadi, « La maltraitance ordinaire ». De quoi s’agit-il ? Souvent de faits rapportés par les usagers et leurs familles, « qui ont le sentiment de ne pas obtenir de considération, d’être transparents, de n’être qu’un dossier ou un objet », a indiqué Bernadette Devictor, présidente du Collectif Interassociatif des usagers de Rhône-Alpes, chargée d’animer la table ronde consacrée à ce sujet lors de cette journée « Qualité et Sécurité des soins »*.

En Rhône-Alpes et ailleurs, des établissements se sont donc emparés de cette question et sont venus témoigner de leurs expériences. À l’hôpital Elisée Charra de Lamastre (07), la bientraitance a été inscrite dans le Projet d’établissement en 2007 : 20 % du personnel a été formé, des grilles d’autocontrôle ont été construites et un conseil d’éthique devrait voir le jour. À la Clinique Lyon-Nord de Rilleux-la-Pape (69), des actions ont été lancées dès 2006 pour répondre aux plaintes exprimés par les patients. Suite au constat d’un « essoufflement » de la dynamique impulsée, la clinique a nommé en 2010 des « référents maltraitances » afin d’exercer un meilleur repérage des risques. Aux Hospices Civils de Lyon, et plus particulièrement à l’hôpital Édouard Herriot, c’est un « kit de bientraitance » qui est mis à la disposition des soignants, ainsi qu’une charte et une grille d’auto-évaluation, « pour se questionner sur ses propres pratiques ». Un colloque à Lyon sur le sujet est également en cours de préparation pour2011.

Respect des soignants, respect des patients ?

Interrogés précisément sur ces actions, 15 % du personnel estiment cependant que ces dernières donnent une « mauvaise image des soignants » et que, par ailleurs, la maltraitance est directement liée aux manques d’effectifs dans les unités de soins. « La souffrance des usagers renvoie à la souffrance des personnels soignants, qui subissent la pression du temps, aux injonctions contradictoires, à leur malaise », avait effectivement rappelé Bernadette Devictor, en préambule.

Il n’en demeure pas mois que les actions présentées « sont nouvelles et exemplaires », a assuré Cyrille Colin, du CEPRAL, qui ajoute que « la France n’est vraiment pas en retard sur ce point ». Pour Anne Depaigne-Loth, de la HAS, certains événements indésirables liés aux soins pourraient être évités « simplement par l’écoute des patients ». C’est pourquoi le concept anglo-saxon de « patient centeredness » commence à faire son chemin dans les hôpitaux français. Comme l’a souligné Michel Schmitt, du Groupe hospitalier du Centre Alsace, il reste sans doute aussi à déterminer le corollaire de cette bientraitance, autrement dit « ce qu’une équipe de soins est en droit d’attendre d’un patient ».

* Organisé pour la première fois par l’Agence régionale de santé, en lien avec le CEPRAL, association des organismes certificateurs, et l’URML.

CAROLINE FAESCH

Source : Le Quotidien du Médecin: 8841