La mairie de Naveil (Loir-et-Cher) l'a appris cette semaine : le médecin qui devait s'installer ne viendra finalement pas. Pourtant, la municipalité avait mis les petits plats dans les grands. Au début du mois de juin, le jeune praticien roumain avait été reçu 48 heures dans le village de 2 300 habitants. On lui promettait un loyer réduit pour son cabinet et la garantie de trouver un travail pour sa conjointe. Séduit, le médecin avait donné son accord de principe. Quelques mois plus tard, il annonce finalement s'installer dans une autre commune.
Avec le départ à la retraite en décembre de son dernier médecin, la mairie de Naveil attendait impatiemment l'arrivée d'un remplaçant. Malheureusement, les Naveillois devront prendre leur mal en patience. Pour deux communes adjacentes, même combat. Depuis juin, c'est un bassin total de 4 000 personnes qui vit sans médecin.
Des MSP partout ailleurs
À qui la faute ? Au zonage défavorable, répond la mairie. « Le cabinet de recrutement nous a indiqué que le médecin avait préféré s'installer dans une commune située en ZRR [zone de revitalisation rurale, NDLR] », indique Alain Garillon, adjoint au maire en charge de la santé. Instaurées par la loi Pasqua de 1995, ces zones permettent aux municipalités qui en font partie de bénéficier d'avantages fiscaux, notamment pour l'installation de professionnels de santé. Les nouveaux médecins peuvent ainsi prétendre à une exonération totale d'impôts − impôts sur le revenu et les sociétés, cotisation foncière des entreprises et patronales − pendant les cinq premières années, puis à taux réduit pendant les trois suivantes.
Un avantage comparatif qui n'est pas du goût d'Alain Garillon. « Cette politique crée un système de concurrence déloyale », s'agace-t-il. Grâce à ce dispositif, le village de Saint-Amand-Longpré (1 200 habitants), situé à moins de 20 kilomètres, a pu faire naître sur son territoire une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP). « Et pourtant, le village est toujours en ZRR car la classification est valable jusqu'en 2020 », se désole l'adjoint au maire.
Un malheur n'arrivant jamais seul, les habitants de Naveil ont aussi appris la création prochaine d'une MSP à Vendôme, la ville proche de 3 km. Son ouverture, prévue pour 2020, risque de pénaliser encore plus l'attractivité du territoire naveillois. « Le problème, c'est que nous sommes pris en étau entre une ZRR et une ville de 18 000 habitants qui va voir naître une maison de santé », synthétise Alain Garillon.
Devant ce constat alarmant, la mairie cherche à mettre en avant ses propres atouts. À moins d'une heure de train de la capitale, le petit village de Naveil rêve d'accueillir des médecins parisiens. « À Paris, beaucoup de médecins sont victimes de violence, il y a de l'insécurité, alors peut-être que certains pourraient vouloir nous rejoindre », imagine Alain Garillon. Convaincu par cette solution, il a déjà alerté les facultés de la capitale et prépare une documentation à envoyer aux professionnels parisiens.
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