ALORS QUE LE MINISTÈRE DES SPORTS envisage de supprimer l’obligation annuelle, pour les adultes et les enfants, de présenter un certificat médical pour la pratique d’un sport dès 2014, le Pr François Carré, Praticien Hospitalier Chef du service d’explorations fonctionnelles du Centre Hospitalier Universitaire Pontchaillou- Rennes cardiologue et médecin du sport qui vient de coordonner l’ouvrage " Cardiologie du sport"*, se déclare "surpris" quelque peu "déçu". D’une part, les différentes commissions auxquelles il appartient, qui réfléchissent à une revalorisation du contenu de la visite de non-contre-indication au sport n’ont pas émi d’avis définitif ; d’autre part, présenter cette décision sous un angle économique n’a pas de sens, puisque dans les textes, la visite ne doit pas être remboursée ce qui explique sans doute qu’elle soit très souvent réalisée à la fin d’une consultation motivée par tout autre problème médical. « Améliorer l’efficacité de cette visite est une nécessité car en l’état elle ne satisfait personne, ni les médecins qi ne sont pas convaincus de son utilité, ni les patients qui sortent faussement rassurés. Mais il s’agit d’une revalorisation de son contenu, et pas un problème de coût » poursuit François Carré.
Depuis 2006....
La réflexion a débuté dès 2 006 via la commission de simplification administrative qui s’est penchée sur l’aménagement des règles relatives aux certificats d’aptitude à la pratique physique ou sportive ( voir Quotidien daté du 23/09/2 013). Le projet prévoit de remplacer le certificat systématique par un examen médical de prévention comprenant un ECG de repos effectué lors de la première affiliation. Les visites suivantes seraient espacées de 2 à 3 ans avant l’âge de 35 ans, et tous les 5 ans pour les sportifs de plus de 35 ans. Dans l’intervalle un auto questionnaire rempli par le sportif et adressé aux fédérations, permettrait de détecter les anomalies de santé.
« Aucune étude scientifique n’a montré qu’une visite annuelle permettait d’éviter les accidents cardiovasculaires qui sont ceux qui menacent le plus le sportif » explique le Pr François Carré. « Pour la compétition, notre proposition est de garder une première visite axée sur la pratique du psort comprenant un ECG. Sans cet examen on a 90 % de risque de passer à côté d’une anomalie. Nous ne pouvons nous appuyer sur une étude, italienne, publiée en 2006 dans le Jama, la seule qui montre qu’un ECG évite plus d’accident qu’une consultation sans enregistrement ».
Qui va lire les ECG ?
Mais le problème reste entier. Les médecins généralistes s’avouent mal à l’aise pour interpréter les ECG et ils en font peu. Il faudrait donc que ce projet soit assorti d’une formation à la lecture des principales anomalies détectables par l’enregistrement.
Et que dépister ? « Un QT long, une anomalie de l’onde T, un sous décalage ST , un syndrome de Wolff- Parkinson-White » répond le cardiologue. L’identification de l’une de ces anomalies demandera un avis spécialisé car si le risque cardiaque augmente rien ne prouve qu’il faille en cas d’anomalies électrocardiographiques éviter le sport toute sa vie. L’interrogatoire qui peut révéler un accident chez un parent du premier degré est tout aussi important.
En Italie, ce sont les médecins du sport qui réalisent ces visites de non-contre-indication au sport. Les Danois, eux, ont tranché : les médecins généralistes s’estimant peu aptes à lire les ECG, les accidents étant relativement rares, la décision a été prise de supprimer ces visites.
La France aurait, elle aussi, décidé : « A ma connaissance, aucune décision définitive n’avait été prise, le calendrier n’était pas fixé » s’étonne encore François Carré.
Cardiologie du sport sous la Direction de François Carré. Editions de bœck 280 pages 532 euros. Sept 2013
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