« LA QUESTION démographique est aujourd’hui une préoccupation majeure de la spécialité, constate le Pr Nicolas Grenier (CHU de Bordeaux). Cela fait plusieurs années que nous alertons nos tutelles sur la nécessité d’augmenter les flux de formation mais les objectifs que nous avions fixés avec l’Observatoire national de la démographie des professions de santé [ONDPS] ne sont toujours pas atteints ».
Au 1er janvier 2 011, selon le répertoire ADELI du ministère, on recensait 8 120 radiologues en France. De son côté, l’Ordre cite le chiffre de 7 342 radiologues, à partir de données plus restrictives, puisqu’elles excluent les médecins en cessation temporaire d’activité et les remplaçants. « Les projections montrent qu’entre 1 200 et 1 500 radiologues devraient partir en retraite au cours des quinze prochaines années. Il est clair que les flux actuels de formation ne permettront pas de les remplacer », souligne le Pr Grenier. C’est ce message qu’ont tenté de faire passer le Conseil professionnel de la radiologie française (G4) et l’Union des jeunes radiologues (UNIR) lors d’une réunion en février 2 012 avec l’ONDPS, présidé par le Pr Yvon Berland. « Si rien n’est fait, nous ne serons plus que 5 400 radiologues en 2015 contre 8 120 en 2011 », avait alors prévenu le G4.
« Chaque année, en juillet, un arrêté fixe le flux des internes en formation pour les cinq années à venir. En 2 009, il fixait à 750 le nombre d’internes en radiologie. Depuis, cela a progressé avec 1 069 internes en juillet 2 012 et 1 014 en juillet 2 013. Selon nous, cela reste insuffisant. Nous avons demandé à l’ONDPS d’atteindre le chiffre de 1 300 internes, indique le Pr Grenier. Mais ce message a du mal à être entendu par le gouvernement qui, très clairement, cherche surtout à augmenter le nombre de postes en médecine générale ». Selon lui, la situation actuelle est déjà inquiétante, avec une augmentation régulière du nombre de postes vacants dans les hôpitaux. « La proportion est actuellement de 37 % pour les PH temps plein et de 45 % pour les PH à temps partiel. Si rien n’est fait pour inverser cette tendance, il est clair que cela va poser des problèmes d’inégalité dans l’accès au diagnostic et aux soins sur le territoire, estime le président du CERF. Ce problème démographique intervient alors que tout le monde s’accorde à dire que l’imagerie occupe une place de plus en plus importante dans le domaine de la santé et que l’imagerie interventionnelle mini-invasive se développe très rapidement au plus grand bénéfice des patients ».
Une augmentation du nombre d’internes devra bien sûr tenir compte des capacités de formation au niveau régional. « Il existe des disparités dans ce domaine. Certaines régions sont saturées et n’ont pas les moyens de former davantage de radiologues. Mais d’autres, notamment l’Ile-de-France, sont en capacité d’augmenter les flux », assure le Pr Grenier.
Entretien avec le Pr Nicolas Grenier, chef du service de radiologie au CHU de Bordeaux et président du collège des enseignants de radiologie de France (CERF).
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