C'est une nouvelle étude qui confirme le caractère chronophage de la paperasse dans l'agenda du généraliste. Plus de 8 médecins de famille sur 10 considèrent que le temps consacré aux tâches administratives pèse « lourdement » sur leur activité professionnelle, selon une enquête* dévoilée ce jeudi par la Mutuelle du Médecin.
Les 201 praticiens interrogés estiment consacrer en moyenne sept heures hebdomadaires à l'administratif sur des semaines de travail estimées à 50 heures (46,5 heures pour les moins de 40 ans).
Ce temps administratif est réparti entre la réalisation de dossiers (Sécu, CMU, MDPH ...) à 24 %, la comptabilité et les finances (23 %), la rédaction de dossiers patients (21 %) et de comptes rendus (13 %) et enfin les prises de rendez-vous (13 %).
Ce constat vient appuyer les résultats très récents de la thèse du Dr Jean-Baptiste Prunières qui estime à 13 heures et 6 minutes le temps hebdomadaire passé par les médecins à la réalisation de tâches « non médicales » (dont 6 heures et 36 minutes concernent l'administratif).
C'est en tout cas beaucoup trop aux yeux des médecins pour lesquels ces tâches pèsent non seulement sur le temps médical (85 % des interrogés) mais aussi sur leur satisfaction professionnelle (84,1 %) et leur moral (63,7 %).
Et l'optimisme n'est pas à l'ordre du jour. Aucun des généralistes interrogés ne voit ce temps diminuer. Pis, 78 % d'entre eux estiment qu'il est de plus en plus important − et même 90 % chez les 40-50 ans.
Devant ce constat accablant, quelles sont les solutions ?
74,7 % des généralistes estiment avoir gagné du temps grâce aux outils numériques, et ce, quel que soit leur âge.
Une fracture générationnelle apparaît dans le recours au secrétariat. Seulement 31 % des médecins de plus de 50 ans sont épaulés par une secrétaire contre 66,7 % des moins de 40 ans. Un décalage qui explique la différence de temps passé pour la prise de rendez-vous qui représente 11 % des tâches administratives des premiers contre 5 % pour les seconds.
« Ma Santé 2022 » doit faire ses preuves
Libérer du temps médical aux praticiens est une priorité affichée du gouvernement dans le plan « Ma Santé 2022 » avec la création de 4 000 postes d'assistants médicaux censés décharger les médecins regroupés de certaines tâches, médicales ou non.
Cette nouvelle profession aux contours flous peine à convaincre le Dr Juliette Lion-Altmayer. « Prendre la tension ou peser un patient n'est pas ce qui prend le plus de temps », témoigne la jeune généraliste libérale de Cormeilles-en-Parisis (Val d'Oise). « Là où les assistants pourraient être le plus utiles, c'est dans la rédaction des dossiers Sécu ou MDPH, par exemple. »
À l’inverse, la généraliste francilienne avoue regarder « avec beaucoup d'intérêt » les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui pourraient permettre de mutualiser plusieurs services pour les médecins. À condition d'adapter l'organisation des soins en fonction des situations. « Si l'idée est d'engager une secrétaire pour dix médecins et de lui faire appliquer un protocole imaginé au ministère, cela n'a pas d'intérêt », prévient-elle.
* Enquête Mutuelle du Médecin/A+A Research menée du 23 au 30 octobre sur un échantillon national représentatif de 201 médecins généralistes libéraux
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