QUEL MÉDECIN distingue lors de sa consultation le préventif du curatif ? Auditionnés à l’Assemblée nationale, les Drs Michel Combier, pour la Confédération des syndicats médicaux de France (CSMF), Claude Leicher, président de MG France, Roger Rua, secrétaire général du syndicat des médecins libéraux (SML) et Claude Bronner, président d’Union Généraliste, étaient à la peine pour répondre au député du Nouveau Centre Jean-Luc Préel. « La prévention est peu visible dans le travail du médecin car elle est liée aux soins », résume le premier. « Elle n’est pas qu’une question de santé, l’aspect médico-social est indispensable », souligne le second. Distillée entre les consultations de médecins traitants, scolaires, du travail, du sport, et les campagnes de sensibilisation gouvernementales, la prévention se heurte toujours au même paradoxe : comment toucher des populations à risque qui, aujourd’hui en bonne santé, ne visitent pas spontanément les cabinets de médecine libérale ?
S’appuyant sur la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), la majorité des syndicats plaident en faveur de la réorganisation de la prévention autour du médecin traitant. Selon le Dr Leicher (MG France), 25 à 30 % des actes du médecin traitant sont de la prévention primaire ou secondaire. Afin de coordonner les pratiques, il défend la mise en place d’un dossier médical de synthèse dès la naissance, qui intégrerait progressivement les remarques du médecin du travail, crucial pour des risques à long terme (amiante), ou du médecin scolaire. Des consultations par tranche d’âge, plus longues, mieux rémunérées, pourraient enrichir ce travail de fond, afin de cible la population des 25-40 ans, distante des cabinets, ou les adolescents, vulnérables aux addictions.
La nouvelle convention médicale, avec ses indicateurs de performance et autres référentiels, pourrait permettre la mise en application et l’appropriation de ces mesures de santé publique, estiment les
Dr Leicher et Combier. Faux, tranche le Dr Roger Rua (SML) pour qui seul une impulsion politique à échelle interministérielle pourrait introduire la culture de la prévention en France. « Si on reste dans nos cabinets sans faire de politique globale, cela ne sert à rien, il faut une seule agence nationale » a-t-il lancé.
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