« Aujourd’hui, nous sommes très inquiètes pour la santé des femmes. On assiste à des reculs et on a le sentiment que la voix des gynécologues médicaux n’est plus entendue. En mars, Marisol Touraine a présenté sa feuille de route 2016 pour la santé des femmes. Et pas une seule fois, elle n’a parlé des gynécologues : ni médicaux, ni obstétriciens d’ailleurs », déplore la Dr Pia de Reilhac, présidente de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM).
Cette Fédération reste plus que jamais préoccupée par l’avenir de la spécialité qui a obtenu en 2003 son DES. « Pour l’instant, on ne connaît toujours pas le nombre de postes d’internes à la prochaine rentrée », souligne la Dr de Reilhac. Le sujet a toujours été sensible, dans une spécialité où la pyramide des âges est clairement défavorable. « Aujourd’hui, il reste environ 1 600 gynécologues médicaux en France. Il y a aussi un certain nombre d’obstétriciens qui se tournent vers cette activité quand ils avancent en âge. Mais cela n’est clairement pas suffisant pour continuer à s’occuper de la santé des femmes dans notre pays », estime-t-elle.
En 2004, on comptait 14 postes d’internes, puis 30 en 2012. La forte mobilisation de la profession a ensuite fait bouger les choses. À la rentrée 2014-2015, on recensait 48 postes, puis 68 l’année suivante. « On aimerait que cette dynamique à la hausse se poursuive mais pour l’instant, on n’a pas d’information. Nous avons demandé à être reçues par la ministre mais nous ne savons pas si cela pourra se faire », indique la présidente de la Fédération.
Sinon, la Dr de Reihlac estime que la « crise » des pilules de troisième génération et leur déremboursement ont laissé des traces (lire aussi page suivante). « Cela prive certaines femmes d’avoir recours à ces pilules. Et nous sommes préoccupées par cette volonté de ne rembourser que certaines méthodes contraceptives, en particulier le stérilet. On constate en effet un certain nombre de problèmes infectieux ou de perforations. Les mises en place de stérilets ne sont en effet pas toujours bien faites. Les gynécologues médicaux ne sont pas les seules à les poser. C’est aussi le cas des généralistes. Et parmi eux, certains n’ont pas toujours la formation nécessaire », indique la Dr de Reilhac.
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