« Mais où sont passés les médecins ? » M6 s’est penchée sur le phénomène des déserts médicaux au cours de l’émission Capital, diffusée dimanche 15 octobre. Pendant plus d’une demi-heure, la chaîne a fait le bilan de la situation en France, à travers les témoignages de plusieurs médecins. Au passage, le magazine dresse le portrait de praticiens souvent opportunistes, sans éviter la caricature.
Pourquoi les généralistes ont-ils déserté le centre et le nord de la France ? Parce qu’ils « préfèrent s’installer là où il fait bon vivre, répond Capital, comme sur la Côte-d’Azur, la région Rhône-Alpes et bien sûr les grandes villes ».
Et pourtant, poursuivent les auteurs du reportage, la pénurie médicale s’installe aussi à Paris. La faute à qui ? Aux médecins, qui se désintéressent de la « médecine traditionnelle » pour privilégier des pratiques plus rémunératrices. « Moi, quand j’ai remplacé en médecine générale à Paris, pendant une semaine, je voyais entre 40 et 50 patients par jour, explique ce généraliste parisien spécialisé dans la médecine esthétique, et interrogé par Capital. C’était un cauchemar, j’avais l’impression de faire les “trois huit” à l’usine […]. C’est quand même sympa de prendre du temps avec ses patients, de se reposer et de profiter de sa famille, des enfants, de temps en temps. Plutôt que d’être un rat de cabinet, de venir à 7h le matin pour partir à 23h le soir. »
La question de la rentabilité économique d’un cabinet de médecine générale, dans une ville comme Paris où « tout est plus cher » est tout de même abordée. Mais c’est bien la seule fois où le reportage s’intéresse à la perte de l’attractivité de l’exercice libéral, que les syndicats professionnels mettent, eux, en exergue.
Un interne « gourmand »
À la campagne, les élus locaux déroulent le tapis rouge aux médecins pour tenter de les attirer, poursuit le magazine. Sans résultat. Capital a suivi un interne en stage de médecine générale, dans la Manche, dans une région sous dotée et pourtant très généreuse avec les docteurs. Logement offert, prime de 1 000 euros par mois, invitations au restaurant, petits cadeaux, ce futur médecin, qualifié de « gourmand », n’aurait pourtant pas l’intention de s’installer, s'indigne M6.
Quant aux médecins roumains, chassés par des cabinets de recrutement peu scrupuleux sur les compétences médicales des candidats, ils seraient « peu qualifiés », avance Capital, qui s’appuie sur un rapport de l’Académie de médecine. Les professionnels de santé étrangers seraient par ailleurs mal préparés au système de santé français et peu enclin à s’installer dans la durée. En moyenne, explique le magazine, ils séjournent 15 mois en France.
Le miracle des maisons de santé
La solution aux déserts médicaux ? Capital est allé la chercher à Fruges, dans le Pas-de-Calais. Là, une maison médicale créée en 2012 a été financée par les collectivités locales. Résultat : « pas moins de 40 médecins » (sic), dixit M6, y exercent dans une petite ville de 2000 habitants…
Salles d’attente vides, rendez-vous immédiats, médecins épanouis, patients ravis… « Cette jeune maman n’a plus à s’inquiéter… La maison de santé lui a changé la vie », commente Capital en visite dans cet établissement qui accueille 4 généralistes et 3 secrétaires à temps plein. « Si l’un d’entre eux est débordé, c’est un confrère qui prend le relais », expliquent les auteurs. Un moyen de réconcilier les médecins avec l’exercice libéral ? Le gouvernement y croit. Le nombre de maisons de santé devrait doubler d’ici 3 ans, rappelle M6.
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