La diffusion par l’agence régionale de santé (ARS) Occitanie d’un document détaillant les différentes modalités légales de rémunérer un médecin remplaçant a visiblement inspiré et agacé le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHARe). Ce dernier a fait ses calculs et dénonce les écarts inacceptables entre d'une part certains contrats juteux « au taux horaire de 65 euros net » pour les intérimaires et, d'autre part, la journée de travail à « 315 euros brut » des praticiens hospitaliers en heures supplémentaires, soit environ deux fois moins...
Depuis le 1er janvier 2018 pourtant, un décret encadre la rémunération des praticiens intérimaires versée par les hôpitaux publics avec un plafonnement dégressif jusqu’en 2020. Le plafond est fixé pour 2018 à 1 404,05 euros brut au maximum pour une journée de travail de 24 heures – et ce sera 1 170,04 euros au maximum en 2020.
Une mise en cause de la cohésion des services
Mais dans les hôpitaux, la réalité est bien différente, les directeurs devant toujours payer au prix fort certains contrats d'intérim. Pour le Dr Anne Geffroy-Wernet, anesthésiste-réanimatrice au CH de Perpignan et vice-présidente du SNPHAR-e, la situation est plus que jamais « inquiétante ». « Les contrats des remplaçants se font de gré à gré, sans respect des réglementations, avec des tarifs à 650 euros la journée qui sont indécents au regard de ce qu’ils font et du refus de certains de réaliser certains actes », précise-t-elle au « Quotidien ».
Parallèlement, les médecins hospitaliers, eux, « sont soumis à l’obligation du travail de nuit, week-ends et jours fériés et assurent des heures supplémentaires, sous la forme de temps de travail additionnel (TTA), moins rémunérées que le taux horaire normal » poursuit l’anesthésiste. Selon cette représentante du SNPHAre, le recours de plus en plus fréquent aux remplaçants et aux libéraux « remet en cause la cohésion des services » et « l’attractivité de l’hôpital, qui ne séduit plus les jeunes médecins ».
Des hôpitaux blacklistés par les remplaçants
Pour le SNPHAR-e, les économies issues de « la tentative de moralisation des rémunérations des intérimaires » devraient être immédiatement réinvesties pour maintenir et recruter des médecins dans les hôpitaux. Il réclame une revalorisation des tarifs des heures supplémentaires des PH « au prix du marché », à hauteur de 125 % du salaire entre la 41e et la 48e heure et à 150 % au-delà.
Cette offensive syndicale intervient alors que « les quelques hôpitaux qui respectent la réglementation et le plafonnement des rémunérations sont blacklistés par les remplaçants », rappelle le Dr Geffroy-Wernet. De fait, un collectif « Médecins remplaçants en hôpitaux publics » (MRHP) s’est créé pour organiser la riposte au plafonnement des rémunérations. Revendiquant le soutien de 1 300 médecins intérimaires, il diffuse une liste d'hôpitaux « à boycotter ».
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